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Expressionnisme sonore

Paris
Philharmonie
05/31/2022 -  et 8 (Leipzig), 9 (London), 26 (Wien) mai 2022
Richard Strauss : Macbeth, opus 23 – Der Rosenkavalier, opus 59 : Suite – Ein Heldenleben, opus 40
Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Marco Borggreve)


Second volet de ce passionnant raccourci des poèmes symphoniques de Richard Strauss dans une salle à moitié pleine.


Du tout premier au dernier des poèmes symphoniques, épisode de la vie créative du musicien bavarois précédant une foisonnante production lyrique, ce concert a laissé préfigurer cet aspect de son œuvre avec la longue Suite du Chevalier à la rose que Strauss a créée en 1944, plus de trente ans après le plus raffiné de ses opéras. On était resté, après le premier concert et le bis de Rudolf Buchbinder, la paraphrase de concert d’Adolf Grünfeld sur des valses de Johann Strauss, sur un nuage de légèreté viennoise dont il a bien fallu redescendre pour écouter vingt minutes de musique épaisse, pendant lesquelles on avait plus envie de compter les temps que de danser. Andris Nelsons a incarné l’anti‑Carlos Kleiber – ceux qui ont eu la chance de l’écouter dans cette musique comprendront – en dirigeant avec une lourdeur, une lenteur, une absence totale d’esprit viennois et même d’esprit tout court cette merveilleuse suite de valses qui résume parfaitement l’opéra et ses personnages si bien typés.


D’un bout à l’autre des deux poèmes symphoniques, Macbeth, qui en inaugurait la série en 1887, et Une vie de héros, qui l’achevait en 1899, on a retrouvé cette façon de diriger en forçant à l’extrême les nuances forte jusqu’à des climax sonores inutiles qu’accentuaient l’acoustique de la Philharmonie et des tempi aussi lents avec de la brutalité dans les phrasés. La veille, hormis quelques moments miraculeux de dosage des plans instrumentaux au début de Don Juan et l’introduction très spectaculaire d’Ainsi parlait Zarasthoustra, on n’avait cessé de tenter de faire la part de ce qui revenait à la formidable virtuosité et à la suprématie instrumentale des musiciens de cette célèbre phalange ou bien à la volonté du chef de lui imposer une vision expressionniste qui nous semble aller à l’encontre du style symphonique de Richard Strauss.


Pour avoir entendu cet orchestre il y a six ans ici dans la miraculeuse acoustique du Gewandhaus avec le chef letton juste nommé à sa tête mais pas encore entré en fonction et qui entre‑temps s’est fait une réputation internationale en enregistrant Bruckner et Chostakovitch, on peut se demander où sont passées la délicatesse et la légèreté qui nous avaient tant séduits.



Olivier Brunel

 

 

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