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Divergences

Paris
Salle Pleyel
12/18/1999 -  
György Ligeti : Lontano
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2 en ut mineur op. 18
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps

Nelson Freire (piano)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Eliahu Inbal (direction)

L’Orchestre Philharmonique de Radio France et Eliahu Inbal nous proposaient ce soir un étrange programme. Trois oeuvres du vingtième siècle, certes, mais que tout sépare. Trois étapes du vingtième siècle : le dix-neuvième finissant avec le très romantique deuxième Concerto pour piano de Rachmaninov, la furie du Sacre du printemps de Stravinsky, le savant statisme de Lontano, de Ligeti. Au sein de ce programme le concerto de Rachmaninov tiendrait presque lieu de vestige du passé. Pourquoi pas ? Une telle programmation impose à l’auditeur de brutaux changements de perspective, une mise en question de ses habitudes d’écoute propre à lui faire redécouvrir ces oeuvres toutes trois devenues des classiques.

Encore eut-il fallu qu’une chance soit donnée au concerto de Rachmaninov. Nelson Freire est peut-être parfois imprévisible, son jeu connaît de brusques changements d’humeur, mais c’est le métier d’un chef que de suivre ses méandres. A quoi servent les répétitions si le jour du concert chef et solistes n’ont toujours pas trouvé de terrain d’entente ? Inbal et Freire ont joué deux versions superposées (dans le meilleur des cas) du concerto de Rachmaninov. De décalages en décalages, l’oeuvre est parfois méconnaissable, voire comique. C’est d’autant plus dommage qu’orchestre et pianiste jouent remarquablement bien, tout en jouant l’un contre l’autre.

L’événement tendrait à donner raison à Stravinsky, qui souhaitait pour sa musique le minimum d’intervention humaine possible. Désir prophétique, à considérer la soumission de l’interprète attendue par les compositeurs d’aujourd’hui. Entre effacement de l’interprète et crise d’égocentrisme, a-t-on oublié que l’interprétation est une responsabilité, qu’elle est confrontation d’un musicien et d’une écriture, respect d’une oeuvre et d’un public ? La forme concertante, qui fait dialoguer un soliste et un orchestre mené par son chef, ne devrait pas être l’occasion pour ces protagonistes d’oublier qu’ils sont avant tout des musiciens et, en l’occurrence, de grands musiciens.



Gaëlle Plasseraud

 

 

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