About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Truculent

Paris
Athénée - Théâtre Louis‑Jouvet
05/06/2022 -  et 7, 8, 10, 11*, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 28, 29 mai (Paris), 1er, 2 (Chambéry), 9 (Bern), 14, 15, 16, 17 (Caen), 24 (Arles) juin, 23, 24, 25 septembre (Versailles) 2022
Jean-Baptiste Lully : George Dandin
Alka Balbir (Angélique), Armel Cazedepats (Clitandre), Michel Fau (George Dandin), Philippe Girard (Monsieur de Sotenville ), Florent Hu (Lubin), Anne‑Guersande Ledoux (Madame de Sotenville), Nathalie Savary (Claudine), Cécile Achille*, Caroline Arnaud*, Juliette Perret, Virginie Thomas (sopranos), David Ghilardi, François‑Olivier Jean* (ténors), Virgile Ancely, David Witczak*, Cyril Costanzo (barytons)
Ensemble Marguerite Louise, Gaétan Jarry (clavecin, direction musicale)
Michel Fau (mise en scène), Christian Lacroix (costumes), Emmanuel Charles (décors), Joël Fabing (lumières), Véronique Soulier Nguyen (maquillage, coiffes, perruques)


M. Fau (© Marcel Hartmann)


L’année du quatre centième anniversaire de la naissance de Molière est l’occasion de remettre au goût du jour ses nombreuses comédies‑ballets, dont la plupart des musiques ont été écrites par Marc‑Antoine Charpentier ou Jean‑Baptiste Lully. C’est précisément le cas pour les trois productions, Le Mariage forcé (1664), Le Sicilien ou l’Amour peintre (1667) et Le Malade imaginaire (1673), défendues par le Centre de musique baroque de Versailles avec Hervé Niquet, autour d’une vaste tournée à travers la France, toujours en cours. Dans le même temps, Michel Fau poursuit depuis l’an passé sa propre tournée dans l’Hexagone, tout aussi impressionnante en termes de nombre de dates, afin de présenter la méconnue comédie‑ballet de Lully et Molière, George Dandin ou le Mari confondu (1668).


C’est désormais le tour du Théâtre de l’Athénée d’accueillir ce spectacle à ne rater sous aucun prétexte, tant il fait honneur au genre, tout en le dépoussiérant avec malice. C’est là la marque de fabrique de Michel Fau, dont on ne rate désormais aucun des spectacles, qui s’entoure d’une fine équipe pour faire vivre de son humour désopilant les malheurs de Georges Dandin. On ne pouvait rêver meilleur écrin pour cette pièce qui moque le mariage par ambition, s’amusant autant à critiquer la bourgeoisie avide d’honneurs que l’aristocratie désargentée. Mais c’est aussi l’occasion d’attaquer les conventions autour du mariage – Molière osant ici faire l’éloge des amours infidèles, tout en s’offrant le luxe d’une fin amorale, où Dandin est une énième fois ridiculisé.


Michel Fau s’empare d’emblée de son personnage en lui donnant force crédibilité par mille détails, de sa gestuelle embarrassée aux regards hallucinés, sans jamais forcer le trait : si exagération il y a, elle est toujours au service de la farce. On aime aussi l’attention portée à la diction, dont chaque syllabe est précisément déliée, sans maniérisme. On gagne ainsi en parfaite compréhension du texte, y compris dans les passages chantés. Même si la pastorale interprétée par quatre chanteurs (deux hommes et deux femmes – ces dernières meilleures au niveau vocal, mais plus réservées au niveau interprétatif) n’a pas grand‑chose à voir avec la pièce de Molière, Michel Fau essaie de la lier à l’action, évoquant une sorte de cauchemar dont il serait la victime. Comme à l’habitude, les éclairages de Joël Fabing font la part belle aux couleurs bleues, rouges ou vertes, donnant ainsi une distance bienvenue au spectateur, tandis que les éléments de décor distinguent les deux mondes, bourgeois et aristocratique, en donnant du volume à l’ensemble. Les magnifiques costumes d’époque de Christian Lacroix parachèvent cette lecture cohérente, qui offre un subtil compromis entre réalisme et distanciation critique.


Tous les comédiens réunis par Michel Fau se montrent à la hauteur de l’événement, donnant une truculence à chacune de leurs interventions par leur capacité à personnaliser leur rôle avec force mimiques : on aime autant la balourdise farfelue de Florent Hu (Lubin) que les graves impertinents de Nathalie Savary (Claudine), sans parler des superficiels tourtereaux incarnés par Alka Balbir et Armel Cazedepats. Enfin, Philippe Girard et Anne‑Guersande Ledoux composent des parents tout aussi désopilants par leur mélange de raideur et d’intonations comiques – le tout sous la direction de Gaétan Jarry au clavecin, à la tête d’un Ensemble Marguerite Louise très en verve.



Florent Coudeyrat

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com