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Magistral

Paris
Philharmonie
05/10/2022 -  et 5, 6 mai 2022 (Oslo)
Gustav Mahler : Symphonie n° 3
Jennifer Johnston (mezzo)
Chœur de femmes de l’Orchestre de Paris, Ingrid Roose (cheffe de chœur), Sangere fra Barnekoret ved Den Norske Opera & Ballett, Trefoldighet Jentekor og Oslo Domkirkes Guttekor, Edle Stray‑Pedersen (cheffe de chœur), Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris, Rémi Aguirre Zubiri, Edwin Baudo, Désirée Pannetier, Béatrice Warcollier (chefs de chœur), Oslo‑Filharmonien, Klaus Mäkelä (direction)


K. Mäkelä (© Marco Borggreve)


Klaus Mäkelä, le jeune directeur musical de l’Orchestre de Paris, est aussi le sjefdirigent de l’Orchestre philharmonique d’Oslo depuis 2020. Il était donc espéré qu’une synergie entre ces deux institutions voie le jour. Cette première collaboration, que l’on espère suivie par d’autres, associait donc l’orchestre d’Oslo et les voix de femmes et d’enfants de l’Orchestre de Paris rejoints par des chœurs d’enfants d’Oslo qui avaient participé aux deux concerts donnés début mai dans la capitale norvégienne.


Cette interprétation de la Troisième Symphonie de Mahler s’est avérée magistrale de bout en bout. Tout au long des six mouvements, l’orchestre, gonflé à bloc, est apparu d’un exceptionnel niveau, sans aucune faiblesse et d’un engagement total. Et la tension insufflée en permanence par Klaus Mäkelä le pousse dans ses retranchements mais sans jamais aller jusqu’à la rupture.


Dès le premier mouvement (Kräftig) et son entrée triomphale aux cors, on sent que l’on va assister à un moment rare. Le magnifique et puissant tutti des cors fait rapidement place aux interventions successives des différents pupitres qui répondent aux sollicitations intenses et répétées de Klaus Mäkelä. Le résultat est impressionnant en termes de contrastes, de nuances, d’équilibre et la musique circule d’un pupitre à l’autre avec une belle énergie concentrique. On entend ainsi chaque trait d’une musique foisonnante et d’une richesse infinie. Et le trombone solo d’Audun Breen, au son à la fois précis et léger, offre un grand moment de musique.


Le deuxième mouvement (Sehr mässig) montre encore d’autres qualités et ce moment plus lumineux jouit d’une transparence bienvenue dans ce passage champêtre dégageant une insouciance d’allure viennoise. Le Scherzando permet quant à lui d’entendre le cor de postillon d’Axel Sjöstedt, placé hors scène et d’une incroyable musicalité.


Dans le quatrième mouvement, Jennifer Johnston, placée au milieu des premiers violons, se montre à la hauteur des pages précédentes. Son timbre sombre sans que l’émission soit fermée est parfait, le chant noble, la puissance et le legato servent au mieux le texte. Magnifique. L’intervention des femmes du Chœur de l’Orchestre de Paris et des enfants des chœurs d’Oslo et de l’Orchestre de Paris est elle aussi parfaite, alliant la précision, la fraîcheur et la joie.


L’Adagio final est construit avec élégance et profondeur – on se surprend à penser au Prélude de Tristan – et sa progression est menée avec art et délicatesse jusqu’à l’apothéose finale. Un beau silence de quelques secondes avant des applaudissements très chaleureux témoignent aussi de la qualité de cette interprétation.


L’interprétation de cette œuvres souvent donnée en concert, notamment récemment par Franz Welser‑Möst, Gustavo Dudamel, Mikko Franck, Paavo Järvi, Robert Spano, Andris Nelsons Philippe Jordan, Jakub Hrůsa ou Esa‑Pekka Salonen, est apparue ici presque viennoise de style et on ne se souvient pas avoir entendu une telle maîtrise de la science orchestrale depuis fort longtemps à Paris. Cette lecture précise, tonique, contrastée, lumineuse, élégante et d’une grande lisibilité n’est pas sans évoquer le Claudio Abbado des années Lucerne, c’est tout dire.


On l’aura compris une extraordinaire lecture d’une œuvre immense par un chef et un orchestre exceptionnels et en osmose comble l’auditeur. Que demander de plus ? Juste émettre le souhait que d’autres collaborations entre les musiciens norvégiens et parisiens s’organisent. La présence de nombreux musiciens de l’Orchestre de Paris dans la salle est certainement de bon augure. Et pourquoi pas autour d’une Huitième Symphonie de Mahler ? Klaus Mäkelä possède à l’évidence toutes les qualités pour mener au plus haut niveau avec ses deux équipes cet autre chef‑d’œuvre du compositeur viennois.



Gilles Lesur

 

 

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