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Vienne de 1740 et d’aujourd´hui... Vienna Staatsoper 02/09/2002 - et 12 février 2002 Richard Strauss : Der Rosenkavalier, opus 59 Felicity Lott (La Maréchale), Günter Missenhardt (Ochs), Sophie Koch (Octavian), Peter Weber (Faninal), Julian Banse (Sophie) Chor und Orchester der Wiener Staatsoper, Leopold Hager (direction) Otto Schenk (mise en scène)
Quelle distribution féminine de rêve ! Felicity Lott, aérienne, irradie véritablement la scène : souveraine dans le drame, touchante dans la mélancolie, spirituelle dans l’ironie - elle incarne une Maréchale pleine de sagesse et vocalement saisissante. Sophie Koch chante avec un beau timbre perlé Octavian, débordant de passion juvénile ; elle prend visiblement plaisir à jouer ce rôle d’adolescent, et travestie en jeune homme, l’illusion est parfaite - une femme jouant le rôle d’un homme déguisé en femme... on en finit par oublier qu’il y a une actrice dans la mascarade. La Sophie de Juliane Banse est plutôt mûre et réfléchie, plus proche dans ses moments de gravité de la jeune femme que de la jeune fille. Sa science pour poser la voix et faire attendre une note est remarquable. On s’extasie d’autant plus que les timbres de ces trois chanteuses s’accordent de manière exceptionnelle, et font de la fin du troisième acte un fascinant moment de musique. Les rôles masculins sont sans faiblesse, en particulier le baron Ochs, lourdaud à souhait et au redoutable accent viennois, joué ici par un Günter Missenhardt qui ne dénoterait pas dans une pièce de Nestroy. Les timbres et la pulsation de l’orchestre du Staatsoper font bien entendu merveille dans cette musique imprégnée de l’esprit des valses. Leopold Hager se laisse de temps à autre aller à un surplus d’agitation, au risque de couvrir les voix ; une fois passé le premier acte, l’accompagnement se fait heureusement moins bavard, plus haletant et dramatique. Reste une mise en scène un peu statique et vieillotte, bien que compréhensible et défendable dans une ville comme Vienne, où les rues ne sont au fond pas très différentes des décors baroquisants de l’opéra.
Dimitri Finker
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