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La Marilyn du clavier

Vienna
Konzerthaus
04/26/2022 -  et 30 mars (Vancouver), 1et (Seattle), 3 (San Francisco), 6 (Los Angeles), 8 (Kalamazoo), 10 (Chicago), 12 (New York), 18 (Aix-en-Provence), 20 (London), 22 (Paris), 24 (Praha) avril, 15 (Amsterdam), 17 (Berlin) mai, 26 juillet (Verbier) 2022
Arnold Schoenberg : Suite pour piano, opus 25
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 18 en mi bémol majeur, opus 31 n° 3
Győrgy Ligeti : Etudes n° 6 « Automne à Varsovie » et n° 13 « L’Escalier du diable »
Isaac Albéniz : Iberia (Troisième Cahier) : 3. « Lavapiés » – Iberia (Quatrième Cahier) : 1. « Málaga »
Alexandre Scriabine : Sonate pour piano n° 3 en fa dièse mineur, opus 23
Nikolaï Kapoustine : Préludes, opus 53 n° 10 et n° 11

Yuja Wang (piano)


Y. Wang (© Copyleft2014)


Les récitals de Yuja Wang sont à l’image de la pianiste – brillants, capricieux, l’insouciance masquant en fait une fragilité à fleur de peau. Le soi‑disant changement de programme de dernière minute (en fait, une simple inversion), forçant le Konzerthaus à ajouter de manière peu écologique un feuillet supplémentaire au fascicule imprimé, nous semble relever de la coquetterie marketing, mais enfin – passons à la musique...


Wang réussit quelque chose d’assez inattendu dans la Suite opus 25 de Schoenberg, en faisant surgir de ces pièces quelque peu austères (et qualifiées d’exercices par le compositeur) des éléments dansants et parfois sensuels – les rapprochant dans l’esprit d’une pièce de Scriabine. Tout juste manque‑t‑il une véritable colonne vertébrale pour que la dimension mathématique ressorte mieux et apporte une touche d’inévitabilité.


La sonate de Beethoven propose une vision plus discutable : tout est parfaitement musical, bien à sa place, l’enjouement est omniprésent, les surprises fourmillent à chaque recoin du clavier. D’un côté, on peut s’émerveiller de cette légèreté mendelssohnienne, de cet humour haydnien ; de l’autre, on s’agace de la manière trop systématique à démonter les rouages de l’œuvre, comme le ferait un acteur de théâtre qui débuterait dans le cinéma, surjouant sa partie dans les gros plans.


Aucune réserve en revanche dans les pièces de Ligeti, qui confirment le statut exceptionnel de Yuja Wang dans les partitions diaboliques du compositeur austro‑hongrois. Les réflexes surhumains de la pianiste se jouent des difficultés techniques, ouvrant des espaces sonores inouïs, parfois charnels parfois d’une violence stridente. Dans ce répertoire, Yuja Wang ne joue à l’évidence pas dans la même division que les autres pianistes.


Les pièces d’Albéniz en seconde partie de programme scintillent de mille feux – cela minaude un instant, puis s’épanche le moment suivant. Un véritable feu d’artifice, qui ressort avec la clarté d’un diamant sous les incessantes avalanches de notes. La musique redevient émotionnelle avec la sonate de Scriabine, un compositeur qui semble parler à l’âme de la pianiste, et nous offre un aperçu de la profondeur interprétative dont Yuja Wang est capable, dans les bonnes circonstances.


Et puis bien sûr, il y a les bis – dix au total – une troisième partie de programme à eux seuls, qui transforment la salle du Konzerthaus en véritable hall de gare, le public du parterre finissant par abandonner les sièges entre deux standing ovations pour se réunir au pied de la scène ! Un récital qui, derrière les paillettes et le marketing, permet de discerner les multiples facettes de la pianiste chinoise qui continue à se produire sans fard sur scène.



Dimitri Finker

 

 

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