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Le maître est de retour

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
04/30/2022 -  
Franz Schubert : Sonate pour piano n° 18 « Fantaisie », D. 894
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 29 « Hammerklavier », opus 106

Maurizio Pollini (piano)


M. Pollini (© Brescia e Amisano)


Maurizio Pollini devait jouer dans le cadre du KlaraFestival, qui s’est achevé le 27 mars, mais le récital a dû être reporté pour raisons de santé. Le pianiste, désormais octogénaire, se produit donc ce samedi 30 avril, dans un programme relativement court, mais assez exigeant, tout à fait représentatif de son répertoire.


Le dos voûté, mais le pas vif et volontaire, il se dirige vers le Steinway pour la Dix-huitième Sonate (1816) de Schubert. Le maître ne possède plus tout à fait les moyens stupéfiants dont témoignent ses premiers enregistrements. Malgré l’un ou l’autre passage moins assuré, plus imprécis, la clarté de la conception et la justesse de l’expression demeurent remarquables. L’interprétation, qui repose sur une construction et une dynamique impeccables, se caractérise par un alliage subtil de fermé et de souplesse. Le pianiste développe de beaux dégradés de couleurs et joue sur les contrastes, sans jamais appuyer le trait, dans une lecture profonde et cohérente, à la progression naturelle, aux lignes fluides et chantantes. La rigueur n’exclut ni la poésie, ni l’émotion, les élans dramatiques s’opposant admirablement aux passages teintés d’allégresse.


Presque exactement contemporaine, la Vingt-neuvième Sonate « Hammerklavier » (1817‑1818) de Beethoven ne révèle rien de neuf sur Maurizio Pollini, qui compte parmi les grands interprètes de cette œuvre gigantesque. Les qualités de construction relevées précédemment se retrouvent à nouveau pleinement dans cette lecture austère, impressionnante à bien des égards, volontaire et détaillée, même dans le labyrinthique dernier mouvement dans lequel le pianiste conserve l’attention et maintient le cap, malgré une écriture donnant une intentionnelle impression d’improvisation. L’Adagio sostenuto constitue un des grands moments de l’interprétation, mais aussi du récital, le pianiste parvenant à créer une atmosphère intense et à dissoudre l’écoulement du temps.


Pas le moindre bis, malgré l’ovation debout du public : Pollini nous frustre, mais ne nous déçoit pas.



Sébastien Foucart

 

 

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