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Un rallye en majesté

Nantes
Théâtre Graslin
04/26/2022 -  et 21, 22 août (Thiré), 3 (Luzern), 26 (Bucuresti), 28 (Budapest), 29, 30 septembre, 2 (Paris), 17 (Angers), 24 (Valencia) octobre 2021, 23 (Katowice), 28 (Versailles), 29 (Barcelona) janvier, 27* avril (Nantes), 15 juillet (Beaune) 2022
Georg Friedrich Haendel : Partenope, HWV 27
Ana Vieira Leite (Partenope), Hugh Cutting (Arsace), Jacob Lawrence (Emilio), Alberto Miguélez Rouco*/Timothy Morgan (Armindo), Helen Charlston (Rosmira, Eurimene), Matthieu Walendzik (Ormonte)
Les Arts Florissants, William Christie/Paul Agnew* (direction musicale)
Sophie Daneman (mise en espace), Jean-Luc Taillefert (décors)


(© Jean-Marie Jagu pour Angers Nantes Opéra)


Créée voilà déjà vingt ans, l’Académie du Jardin des Voix fait désormais partie du paysage lyrique, tant elle atteint son but : donner à ses jeunes membres, triés sur le volet, une expérience de tout premier plan avec l’un des meilleurs ensembles baroques actuels, en une vaste tournée mondiale dont beaucoup n’oserait rêver. On reste également sans voix devant le flair de William Christie et Paul Agnew (co-directeurs qui se partagent l’agenda des concerts), qui peuvent s’enorgueillir d’avoir recruté tant de noms désormais familiers : Marc Mauillon, Judith Van Wanroij, Sonya Yoncheva, Emmanuelle de Negri, Reinoud Van Mechelen ou Lea Desandre, entre autres.

A Nantes, le public ne s’y est pas trompé, venant en nombre au Théâtre Graslin pour fêter la nouvelle promotion, précédée d’une réputation flatteuse : on n’en attendait pas moins pour mettre en valeur l’un des bijoux méconnus de Haendel, Partenope (1730). Cet ouvrage passionnant par sa variété d’inspiration et de climats offre une dernière partie plus réussie encore, notamment pour Arsace et son air de bravoure d’une redoutable virtuosité, mais aussi son air d’imploration des plus bouleversants. Seul le livret gâche quelque peu la fête, avec son exploration redondante des jeux de l’amour et du hasard, dont se saisit avec une malice non dénuée d’élégance la mise en espace de Sophie Daneman. La soprano britannique, partenaire de longue date de William Christie, joue la carte d’un décor minimaliste et astucieux, composé de dalles de couleurs réparties au‑devant de l’orchestre et sur les côtés en hauteur, donnant ainsi un peu de volume à l’ensemble. Grimés en tenue de soirée contemporaine, les chanteurs semblent tout droit sortis d’un rallye dansant versaillais, tout en s’amusant des quelques éléments de décors (notamment d’immenses dés en mousse) au gré de l’action, en forme de jeu d’échecs.


Le principal attrait de la soirée revient toutefois au plateau vocal d’un excellent niveau global, dominé par l’impressionnant Arsace d’Hugh Cutting. On aura rarement entendu une telle maturité chez un jeune chanteur, qui a sans doute présidé à l’attribution du prix Kathleen Ferrier l’an passé : c’est la première fois qu’un contre‑ténor obtient cette récompense. On comprend pourquoi, tant le chanteur anglais maîtrise son instrument avec un sens du velouté et de l’articulation, toujours au service d’une interprétation lumineuse du texte. A ses côtés, Ana Vieira Leite (Partenope) n’est pas en reste dans la prestance attendue, autour d’une belle aisance sur toute la tessiture (hormis le suraigu en puissance qui manque parfois de substance). Doté d’une projection moindre, Alberto Miguélez Rouco (Armindo) fait valoir une musicalité raffinée, qui sculpte les mots sans ostentation. Il est moins à l’aise dans les passages virtuoses, où les accélérations mettent à mal sa technique, notamment dans la nécessaire prononciation.


En comparaison, Helen Charlston (Rosmira, Eurimene) parait plus solide au niveau dramatique, autant par ses intonations saisissantes de vérité dans la fureur que touchantes au moment de l’apaisement. Son timbre grave chaleureux, bien articulé, donne aussi beaucoup de plaisir, à l’instar du solide et engagé Ormonte de Matthieu Walendzik. On mentionnera enfin le tout aussi investi Jacob Lawrence (Emilio), qui porte un chant expressif au service de la théâtralité, malheureusement un rien en force dans l’émission, ici ou là.



Florent Coudeyrat

 

 

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