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Elégance musicale et vestimentaire Paris Philharmonie 04/20/2022 - et 21 avril 2022 Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte
Béla Bartók : A csodálatos mandarin (Suite), opus 19, Sz. 73
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14 Orchestre de Paris, Esa‑Pekka Salonen (direction)
E.-P. Salonen (© Benjamin Suomela)
Esa‑Pekka Salonen revient à l’Orchestre de Paris pour y diriger son second programme de la saison, deux soirées marquées par le d’un nouvel habillage des musiciens de l’orchestre signé Gauthier Borsarello pour la maison Fursac.
Le fait est moins événementiel que la venue à la Philharmonie de cet immense musicien finlandais pour diriger deux concerts à la tête de l’Orchestre de Paris (voir ici) mais l’anecdote mérite d’être racontée en préambule. C’est un ancien contrebassiste de cette phalange, Gauthier Borsarello, qui a réussi le grand écart de passer de son instrument au crayon de dessinateur de mode et, désormais directeur de création chez Fursac, a réalisé le nouveau costume de scène sur mesures de ses anciens collègues. Tenue noire bien sûr, assez stricte de coupe, avec chemise blanche portée le col boutonné sans cravate pour les hommes et certainement pensée en fonction des contraintes mécaniques de dynamique des mouvements de chaque famille de musiciens. Chez les dames, apparemment pas concernées par cette « révolution », noir de rigueur mais règne plus de variété dans l’interprétation du tailleur pantalon, chemisier blanc. Si le spectateur ne perçoit pas une grande différence, on souhaite que les musiciens y trouvent leur compte.
Esa‑Pekka Salonen a ouvert ce copieux concert par la Pavane pour une infante défunte de Ravel, qui constitue toujours un excellent prologue pour mettre en valeur les différents groupes instrumentaux de l’orchestre sans trop brusquer les oreilles des spectateurs avec six minutes de musique douce et parfaitement harmonieuse.
Car les vingt minutes suivantes pouvaient décoiffer certaines oreilles paresseuses avec l’œuvre en quelque sorte maudite de Bartók, la Suite de son ballet Le Mandarin merveilleux, qui, avec ses rythmes extrêmes, vifs et tranchés, les stridences des cuivres et vents et le caractère infernal de son propos, représente une véritable épopée. Salonen a exacerbé en virtuose toutes ces composantes de cette magnifique partition avec le sens du contrôle, de la maîtrise et de l’équilibre entre les différents groupes instrumentaux et la recherche de couleurs qui le caractérisent.
La Symphonie fantastique avec ses cinq parties demande au chef des qualités d’équilibre différentes. Réussir un tel fleuve de quasiment une heure de musique est d’autant moins évident que ce soir-là, un groupe de jeunes spectateurs très enthousiastes mais probablement pas instruits de l’étiquette du concert symphonique, manifestait sa joie entre chaque mouvement. Le contrôle de Salonen sur l’orchestre était impressionnant. Les options de direction sont affaire de goût. Il nous a semblé qu’il privait un peu l’œuvre de son élan romantique en s’appliquant d’avantage à en accentuer la rythmique donnant parfois un caractère anguleux, anxiogène, à certaines phrases. Les musiciens et particulièrement cuivres et vents très sollicités par ce programme s’y sont révélés admirables.
Olivier Brunel
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