About us / Contact

The Classical Music Network

Normandie

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Florilège du XXe siècle

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac-Arqana)
04/18/2022 -  
Győrgy Kurtág : Quintette pour instruments à vent, opus 2
Győrgy Ligeti : Dix pièces pour quintette à vent – Etude pour piano n° 6 « Automne à Varsovie »
Oldrich Flosman : Sonate pour vents et piano
Witold Lutoslawski : Bukoliki
Georges Enesco : Suite pour piano n° 3 « Pièces impromptues », opus 18 : 4. « Burlesque »
Thierry Escaich : Mecanic Song

La Fresque, Jonas Vitaud (piano)


J. Vitaud et La Fresque (© Claude Doaré)


La musique du XXe (et accessoirement du XXIe) était à l’honneur au Festival de Pâques de Deauville avec des œuvres de Kurtág, Ligeti, Flosman, Lutoslawski, Enesco et Thierry Escaich lors du concert du lundi de Pâques. La Salle Élie de Brignac était bien clairsemée pour ce concert d’un niveau musical et technique exceptionnels, véritable voyage dans la musique du XXe siècle de l’Europe de l’Est. Et les absents avaient tort car ce programme magnifiquement composé, il est vrai d’un abord ardu pour un public non initié, était présenté avec une pédagogie impeccable grâce à l’introduction qui en était faite avant le concert et entre les pièces pour la retransmission en direct sur la webradio B concerts.


Les participants, le pianiste Jonas Vitaud et les musiciens à vent de La Fresque, ensemble à géométrie variable constitué à la Fondation Singer‑Polignac, ont transcendé un ensemble de pièces très dissemblables des années soixante et soixante‑dix choisies principalement dans le répertoire des compositeurs de l’Europe de l’Est du XXe siècle.


Deux grandes pièces les réunissaient tous, la Sonate pour vents et piano du Tchèque Oldrich Flosmann (1925‑1998), composée en 1970, inspirée de Chostakovitch, très classique de forme et à la riche polyphonie, ainsi que, jouée en présence du compositeur, Mecanic Song (2006) de Thierry Escaich, œuvre foisonnante la plus récente chronologiquement de ce programme mais curieusement la plus accessible, avec une progression de suspense à la manière de la musique de cinéma, la plus abordable pour un public non initié.


Deux grandes œuvres pour quintette à vent ont encadré ce programme, le long Quintette à vent (1959) de Kurtág (né en 1926), inspiré de thèmes folkloriques et de facture très webernienne avec toujours le sens ludique et théâtral qui anime ce compositeur hongrois. De facture plus polyphonique, les Dix Pièces pour quintette à vent (1968) de Ligeti (1923‑2006) une dizaine de mini‑concerti qui explorent toutes les possibilités techniques et rythmiques des instruments, chaque musicien passant souvent d’un instrument à l’autre (flûte au piccolo, hautbois au cor anglais...) et allant parfois aux extrêmes aigus de son instrument. Les cinq musiciens de La Fresque ont tenu leurs parties de façon superlative et forment un ensemble d’une cohérence parfaite.


L’autre partie, la plus impressionnante sur le plan de la densité musicale, a été impartie au pianiste Jonas Vitaud, avec quelques œuvres jouées en soliste. Bien sûr, la très impressionnante et virtuose Sixième Etude de Ligeti sous‑titrée « Automne à Varsovie » (1985), avec ses superpositions de plans sonores et de flux musicaux dont il n’a fait qu’une bouchée. Mais surtout Bukoloki de Lutoslawski (1913‑1994), longue toccata en cinq parties de 1952 très inspirée de son ainé Béla Bartók et fondée sur des thèmes folkloriques polonais. Avec ses influences françaises, la « Burlesque » (extraite des Pièces impromptues composées en 1916) d’Enesco (1881‑1955) était une autre démonstration de virtuosité digitale et rythmique. Hors programme, Jonas Vitaud a tenu à rendre hommage au compositeur George Crumb (1929‑2022), disparu cette année et souvent programmé au festival, avec une pièce du Volume I des Makrokosmos (1972), un recueil hautement mystique inspiré des signes du zodiaque, intitulée « Dream Images (Love‑Death Music) » (celle du signe des Gémeaux), pièce contemplative qui contient quelques citations de la Fantaisie‑Impromptu de Chopin.


Plusieurs événements marqueront les trois weekends suivants, dont la programmation du Concerto pour violon de Schumann ne sera pas le moindre. Le violoniste Pierre Fouchenerret en sera le soliste le 23 avril avec l’Orchestre régional de Normandie dirigé par Pierre Deroyer. Ce concerto sera enregistré par B Records, qui édite dans sa collection « Deauville Live » nombre de productions du festival. Tous les concerts peuvent être écoutés gratuitement en direct et en podcast, ainsi que les concerts des festivals précédents, sur la web radio B Concerts sur le site internet du festival.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com