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Une facette méconnue de César Franck Venezia
Palazzetto Bru Zane
04/09/2022 -
César Franck : Les Cloches du soir – Nocturne – Aimer – S’il est un charmant gazon – Roses et papillons – Le Mariage des roses – Ninon – L’Emir de Bengador – Robin Gray – Passez ! passez toujours ! – Le Vase brisé – Lied – Souvenance – A cette terre où l’on ploie sa tente – Le Sylphe
Tassis Christoyannis (baryton), Jeff Cohen (piano)
J. Cohen, T. Christoyannis (© Matteo De Fina)
S’il est une facette bien méconnue de Franck et qui tranche avec le portrait austère de l’organiste de Sainte‑Clotilde, c’est bien celle de son univers mélodique. Tassis Christoyannis et Jeff Cohen en ont donné à Venise, dans le cadre du festival « L’Univers de César Franck », un bel aperçu avec une sélection de ses mélodies dont ils ont enregistré l’intégrale pour l’éditeur Bru Zane.
Si l’intégrale des mélodies et duos de César Franck (presque la moitié de ses numéros d’opus est consacré à la voix) que viennent d’enregistrer Tassis Christoyannis et Jeff Cohen (avec la participation de Véronique Gens pour les six duos) occupe deux disques, les deux complices, qui ont déjà gravé pour la fondation vénitienne, centre de musique romantique française, l’intégrale de celles de Reynaldo Hahn (voir ici, ont fait une belle sélection d’une quinzaine de ces mélodies. Comme le souligne le baryton grec, toutes tournent autour d’un seul thème : l’amour. Et il est fascinant de constater au cours de ce récital bien construit l’évolution du style mélodique de Franck au cours de sa carrière. On est presque déçu quand il commence avec des pièces qui, tournant autour de la thématique florale avec des poésies un peu convenues ou naïves de Marceline Desbordes-Valmore, Joseph Méry et Louis de Fourcaud, de croire entendre un style mélodique assez simple, proche de celui de Gounod sans son riche parfum, et un accompagnement de piano harmoniquement très académique. Puis, au fur et à mesure du récital, s’affirme un style très personnel, romantique et souvent assez dramatique, moins salonnard, quasi opératique avec des textes forts de Victor Hugo (Passez ! passez toujours ! et A cette terre où l’on ploie sa tente), de Sully-Prudhomme (Le Vase brisé) ou François-René de Chateaubriand (Souvenance).
Tassis Christoyannis, dont on admire toujours autant la diction et la prosodie françaises, déploie des trésors de finesse dans l’interprétation de ces mélodies qu’il savoure tout autant que son fidèle accompagnateur Jeff Cohen. Après que le baryton a rappelé à juste titre l’importance de la poésie dans cet art si particulier qu’est la mélodie, le récital s’achève avec deux mélodies sur des textes de Victor Hugo, bis très réclamés par un public enthousiaste : Mai de Gabriel Fauré, auquel on aura pensé toute la soirée pour l’influence subtile sur le style mélodique de Franck, et Si mes vers avaient des ailes de Reynaldo Hahn, désormais un classique du répertoire de ces deux grands défenseurs de la mélodie française.
Ce festival qui célèbre le bicentenaire de la naissance du compositeur peut être écouté dans son intégralité en replay sur la webradio de la Fondation Palazzetto Bru Zane. Il se poursuivra avec la résurrection en version de concert (et l’enregistrement) de l’opéra Hulda, jamais représenté du vivant de Franck, à Liège (Salle philharmonique) le 15 mai, à Namur (Grand Manège) le 17 mai et à Paris (Théâtre des Champs‑Elysées) le 1er juin. Un concert de ses poèmes symphoniques aura lieu à la Philharmonie de Paris le 2 juin avec l’orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth et le pianiste Bertrand Chamayou.
Olivier Brunel
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