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Un compromis satisfaisant

Madrid
Teatro Real
03/27/2022 -  
Henry Purcell : King Arthur
José Luis Martínez (récitant)
Vox Luminis, Lionel Meunier (direction musicale)
Isaline Claeys (dramaturgie)


(© Javier del Real/Teatro Real)


Quelques semi‑opéras de Purcell, comme The Fairy Queen et, certainement, son seul opéra, Didon et Enée, ont été présentés au nouveau Teatro Real, mais Le Roi Arthur est une nouveauté complète.


La vocation purcellienne de Vox Luminis et Lionel Meunier est bien connue, de même que leurs interprètes baroques, faites avec amour et qui se donnent l’excellence comme point d’honneur. Leurs disques sont des témoignages du passé récent. Les concerts sont l’évolution du concept, du travail, et surtout le nerf de l’interprétation vivante. Nous pouvons enfin nous étonner avec eux encore une fois, voire nous émerveiller quand nous pouvons voir et entendre un de leurs concerts en live. Vox Luminis et Meunier sont venus au Teatro Real, pour une seule séance, le dimanche 27. Le Roi Arthur, en version de concert, mais théâtralisée.


On sait bien que Le Roi Arthur est une impossibilité théâtrale : trop longue, inextricable parfois, voire biscornue par moments, la parole commande, la musique paraît secondaire, mais l’œuvre nous attache aujourd’hui par la musique, justement, car Dryden n’est pas Shakespeare, ni Marlowe, ni Ben Johnson, ni.... Il ne faut pas oublier que les représentations des semi‑opéras tels que celui‑ci n’étaient pas chantées normalement : il s’agissait de rôles dramatiques, pas lyriques. La musique était destinée à d’autres spécialistes. Que pouvons‑nous y faire ? On peut jouer la musique, sans rien d’autre, mais cette fois‑ci, un compromis tout à fait satisfaisant a été trouvé, avec, entre les numéros musicaux, une narration d’Isaline Claeys confiée au comédien José Luis Martínez, diction parfaite et, très important, présence équilibrée sans gêner le déploiement sonore et dramatique.


Le chœur Vox Luminis (seize voix) est aussi un groupe de solistes. La couleur, la nuance, le sens comique et dramatique, l’approche historique toujours problématique mais ici très convaincante – savons‑nous comment sonnait la musique durant ces deux siècles qui s’étendent de Monteverdi à Haendel ? – sont les atouts de Meunier (lui‑même flûtiste, voire chanteur) et de l’ensemble Vox Luminis (six violons, deux altos, deux violes de gambe, un violone, quelques bois et cuivres, deux luths, orgue, clavecin, percussion limitée). L’action dramatique, la vis comica, le conte, le clin d’œil (musique et texte en même temps) sont les domaines du chœur, en parfaite union avec l’ensemble instrumental. Et c’est dans ces moments‑là qu’on voit l’art soliste de plusieurs voix du chœur. Malheureusement, le petit programme en papier ne nous disait pas qui était, par exemple, la femme qui chantait plusieurs rôles pleins d’esprit, mais on sait qu’il s’agit de Sophie Junker. Cet esprit, cette grâce, cette élégance et cet équilibre sont les dons de cette soliste, mais aussi de ses collègues, dans les scènes riches en humour ou dans les moments fantastiques et la solennité chauvine du message patriotique. Le ténor Florian Sievers, auquel revenaient plusieurs rôles, était une des plus remarquables voix masculines issues du chœur. D’autres voix féminines, comme Zsuzsi Tóth et Caroline Weynants, assumaient aussi plusieurs rôles.


Un grand succès bien mérité de la part d’un ensemble d’un niveau artistique supérieur.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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