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Un défi très singulier bien relevé

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/13/2022 -  
Ludwig van Beethoven : Andante favori, WoO 57 – Sonates pour piano n° 30, opus 109, n° 31, opus 110, et n° 32, opus 111
Sunwook Kim (piano)


S. Kim


Le pianiste coréen Sunwook Kim, 33 ans, a enchaîné sans interruption les trois dernières sonates de Ludwig van Beethoven, un défi très singulier bien relevé.


Depuis plusieurs saisons et quelques concerts, soit comme soliste, soit comme accompagnateur du violoncelliste Edgar Moreau, Sunwook Kim a gagné le cœur du public français. Il vient une fois de plus de la faire au Théâtre des Champs‑Elysées lors d’une soirée consacrée à Beethoven et à ses trois dernières sonates pour piano. Courte soirée pourrait‑on dire, mais soirée dense car, après avoir joué en préambule l’Andante favori, suivant parfaitement l’indication grazioso con moto, Sunwook Kim a enchaîné sans interruption les Opus 109, 110 et 111, faisant demander à ne pas être interrompu par des applaudissements. Ces derniers ont étés fournis après ce marathon d’une bonne heure qui nous semble avoir passé comme un souffle. Le public, il est vrai toujours très spécialisé et motivé de la série de concerts « Piano 4 Etoiles », a suivi ce parcours ininterrompu du testament pianistique de Beethoven sans broncher, sans les habituels signes de déconcentration qui sont l’ordinaire et la plaie de nos concerts.


Ce long cheminement ne semblait pas, vu de la salle, peser trop lourd sur les épaules de ce jeune Coréen. Il a joué avec une concentration sans relâche, avec une souplesse féline, une très grande sensualité dans les mouvements élégiaques, une énergie pas toujours très contenue mais autoritaire et passionnée dans les emportements et tourbillons de ces trois œuvres. L’épisode syncopé de l’Opus 111 était particulièrement maîtrisé et venait comme un climax salutaire à la fin du parcours.


Expérience singulière que d’entendre cet enchaînement qui, privant virtuellement les sonates de leur structure bi ou tripartite, les transforme en une grande promenade au travers de paysages variés, un peu à la manière des sonates fleuves de Schubert. L’oreille se laisse aller sans résister à ce discours ininterrompu s’il est, comme l’a réalisé ce pianiste, un grand arc tendu sans aucun alanguissement dans la tension dramatique.


Sunwook Kim reste à l’affiche du théâtre de l’avenue Montaigne comme partenaire le 19 mars de la violoniste Clara-Jumi Kang et du violoncelliste Edgar Moreau pour un programme de musique russe (trios de Tchaïkovski et Chostakovitch).


Le site de Sunwook Kim



Olivier Brunel

 

 

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