About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Simplicité et sobriété

Zurich
Opernhaus
02/13/2022 -  et 17, 19, 25, 27* février, 3, 5 mars 2022
Francis Poulenc : Dialogues des carmélites
Nicolas Cavallier (Le marquis de La Force), Olga Kulchynska (Blanche de La Force), Thomas Erlank (Le chevalier de La Force), Evelyn Herlitzius (Madame de Croissy), Inga Kalna (Madame Lidoine), Alice Coote (Mère Marie de l’Incarnation), Sandra Hamaoui (Sœur Constance de Saint-Denis), Liliana Nikiteanu (Mère Jeanne de l’Enfant Jésus), François Piolino (L’aumônier du carmel), Freya Apffelstaedt (Sœur Mathilde), Saveliy Andreev (Premier commissaire), Alexander Fritze (Second Commissaire), Valeriy Murga (Le geôlier), Benjamin Molonfalean (Un officier), Yannick Debus (Thierry)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Tito Ceccherini (direction musicale)
Jetske Mijnssen (mise en scène), Ben Baur (décors), Gideon Davey (costumes), Franck Evin (lumières), Lillian Stillwell (chorégraphie), Kathrin Brunner (dramaturgie)


(© Herwig Prammer)


En quoi croyons‑nous ? Quelles sont nos valeurs ? Pour quoi serions-nous prêts à mourir ? Comment conjurer nos angoisses existentielles ? Toutes ces questions qu’appellent Dialogues des carmélites résonnent avec une acuité particulière en cette période troublée, alors que la façade de l’Opernhaus de Zurich s’est parée des couleurs de l’Ukraine. La metteur en scène Jetske Mijnssen répond avec une nouvelle production du chef‑d’œuvre de Francis Poulenc alliant simplicité et sobriété. S’inspirant de la visite d’un monastère en Suisse, elle a placé l’action dans un décor unique constitué d’une immense pièce aux murs gris et nus, décorée de quelques chaises et meubles, gris eux aussi. La pièce devient alternativement une salle du palais du marquis de La Force, un espace du carmel puis la prison dans laquelle sont enfermées les carmélites. Le spectacle, des plus traditionnels, est fluide et efficace ; il permet de se concentrer pleinement sur la musique. Il est aussi parsemé de quelques idées originales : dans les premières scènes, qui se déroulent dans le palais du marquis de La Force, les chanteurs sont doublés par des danseurs. La scène finale est particulièrement émouvante : les geôliers ont inscrit à la craie sur les murs les noms des condamnées à mort. Les carmélites sont regroupées au centre du plateau et chaque fois que la musique suggère la guillotine, l’une d’elle baisse la tête, se détache du groupe et vient effacer son nom avec sa main. Glaçant.


Sous la direction peu idiomatique de Tito Ceccherini, qui a semblé confondre Carmen et Dialogues des carmélites, l’orchestre a souvent joué trop fort et couvert les chanteurs. Dans ces conditions, il n’a pas été possible de savourer pleinement la finesse et la délicatesse de la partition de Poulenc. Qui plus est, le français de la plupart des chanteurs n’était guère compréhensible. Parmi les interprètes principaux, on passera rapidement sur Nicolas Cavallier (Le marquis de La Force), pourtant un des seuls francophones de la distribution, et sur Inga Kalna (Madame Lidoine), qui n’ont fait que chanter en force, quand ce n’était pas en criant pour la seconde. On retiendra plutôt la poignante Madame de Croissy d’Evelyn Herlitzius, bouleversante sur son lit de mort, tant elle semblait chanter avec toute son âme. Pour sa première Blanche de La Force, Olga Kulchynska a fait forte impression, avec une voix lumineuse et ronde qui lui a permis de rendre toute la douceur du personnage, mais aussi sa forte détermination, dans des accents déchirants. On mentionnera également la Constance douce et frêle de Sandra Hamaoui, le Chevalier de La Force à la noble prestance de Thomas Erlank et l’Aumônier très expressif de François Piolino.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com