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Grandiose, mais...

Paris
Boulogne-Billancourt (La Seine musicale)
02/12/2022 -  
Robert Schumann : Concerto pour piano en la mineur, opus 54
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 en ré majeur « Titan »

Leif Ove Andsnes (piano)
Deutsches Symphonie‑Orchester Berlin, Robin Ticciati (direction)


R. Ticciati (© Alexander Gnädinger)


La venue en région parisienne de l’Orchestre symphonique allemand de Berlin et de Robin Ticciati dans le cadre d’une tournée européenne célébrant les soixante‑quinze ans de l’ensemble, s’annonçait comme un événement. Fondé en 1946 sous le nom de RIAS‑Orchester Berlin et d’abord dirigé jusqu’en 1963 par Ferenc Friscay, il a eu par la suite pour directeurs musicaux notamment Lorin Maazel (1964‑1975), Riccardo Chailly (1982‑1989), Kent Nagano (2000‑2006) et Tugan Sokhiev (2012‑2016). Moins connue que l’Orchestre philharmonique voisin, cette formation berlinoise se produit régulièrement à la Philharmonie mais parfois aussi dans des lieux plus atypiques. Depuis 2017, c’est l’Anglais bientôt quarantenaire Robin Ticciati, par ailleurs directeur musical du Festival de Glyndebourne et interprète reconnu de Berlioz (voir ici), qui en est directeur musical.


Dès les premières mesures du Concerto pour piano de Schumann, l’engagement, la précision et l’énergie sont manifestes. Le son de l’orchestre est puissant, mais aussi parfois clair et aérien. Grâce à l’incitation du chef, la musique circule d’un pupitre à l’autre, notamment grâce à de très beaux legatos et enchaînements. Toutefois, plutôt qu’à un dialogue soliste/orchestre, c’est à une cohabitation de deux interprétations qu’on assiste. La lecture est affirmée, elle avance, elle réserve de beaux moments mais manque sans doute un peu de nuances. Très vite aussi, on s’interroge sur l’adéquation de cet ensemble avec l’acoustique un peu sèche du lieu. De saturation il n’y a pas, mais on n’en est pas loin. Dommage surtout en présence du piano magnifique de Leif Ove Andsnes, à la technique sans faille.


Ces réserves sur l’adéquation à la salle sont aussi flagrantes à l’écoute d’une Symphonie « Titan » parfaitement architecturée, solide, puissante mais un peu surdimensionnée dans cette acoustique. Les quatre mouvements se succèdent sans aucune baisse de tension, des errements du début jusqu’à l’apothéose finale. Les grandes qualités de cet orchestre, décidément de niveau international, apparaissent encore mieux dans cette musique qui sollicite l’orchestre en son entier. Les cordes graves, comme souvent dans les ensembles allemands, sont puissantes, rondes et chaudes, avec un engagement de chaque seconde des instrumentistes. Les bois prennent la parole avec force, le timbalier soutient l’ensemble et le résultat global est très impressionnant. Les nuances sont ici plus assumées et réussies, et les contrastes poussés à l’extrême. Ce Mahler a sans doute quelque chose de celui de Simon Rattle, l’un des mentors de Ticciati, mais aussi de la souplesse qu’aurait pu y mettre Colin Davis, son autre maître. Un mélange de passion et d’élégance qui convient finalement très bien à la musique de Mahler.


Un magnifique orchestre donc, un chef précis et enthousiaste, à l’évidence apprécié de ses musiciens et qui a comblé un public venu nombreux ce soir. Espérons ne pas avoir trop à attendre pour une nouvelle visite de ce tandem gagnant, idéalement à la Philharmonie de Paris, certainement plus adaptée à ce type d’ensemble.


Le concert des soixante‑quinze ans donné à la Philharmonie de Berlin le 19 novembre dernier est visible ici jusqu’au 21 février.


Le site de Leif Ove Andsnes
Le site de l’Orchestre symphonique allemand de Berlin



Gilles Lesur

 

 

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