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Hongrie-Autriche

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Philharmonie
01/19/2022 -  et 20 janvier 2022
Béla Bartók : Concerto pour violon n° 1, Sz.  36, BB 48a 
Gustav Mahler : Symphonie n° 5 en ut dièse mineur

Alexandra Conunova (violon)
Orchestre de Paris, Jukka-Pekka Saraste (direction)


A. Conunova


Pour des raisons de santé, la violoniste néerlandaise Janine Jansen n’a pu assurer la partie soliste du Premier Concerto (1908) de Béla Bartók (1881-1945) programmé ce soir. Elle est remplacée quasiment au pied levé par Alexandra Conunova, violoniste moldave née en 1988, formée essentiellement à Hanovre et installée en Suisse. On doit saluer la Philharmonie pour avoir déniché cette artiste encore peu connue quelques jours avant cette soirée dans une période où les concerts se bousculent et sont bousculés par la cinquième vague de Covid-19 et remercier bien entendu Alexandra Conunova d’avoir répondu présente, sauvant ce faisant une partie essentielle du programme.


Le Premier Concerto de Bartók est une œuvre de jeunesse, beaucoup moins célèbre que le Second, écrit trente ans plus tard. Dédié à la très jeune violoniste Stefi Geyer dont Bartók était épris à l’époque, il n’a été édité qu’après la mort de son auteur et n’a été créé qu’en 1958. Inachevée semble-t-il (un troisième mouvement aurait été prévu initialement), reniée mais récupérée partiellement par Bartók comme premier de ses Deux Portraits, l’œuvre, un peu bancale, n’est peut-être pas majeure mais elle mérite tout à fait d’être défendue comme l’a fait en son temps Isaac Stern. Peu souvent à l’affiche – l’Orchestre de Paris ne l’avait pas jouée depuis 1986 –, elle confie pourtant au soliste un rôle central et quasiment constant, d’un beau lyrisme. Lumineux quand le Second Concerto est marqué par la noirceur, ce premier essai rappelle clairement le monde d’où vient Bartók, à la fois post-romantique et populaire.


Nonobstant les toutes premières notes d’Alexandra Conunova qui paraissent incertaines, son Guarneri del Gesù déploie un chant d’une suprême élégance dans un Andante sostenuto nimbé par Jukka-Pekka Saraste d’un léger pressentiment. La soliste embarque sans problème dans son sillage, un premier violon, Eiichi Chijiiwa, puis un deuxième, un trio, un quatuor et enfin l’ensemble des cordes. Tout cela est parfaitement mené. Le futur langage de Bartók se décèle plus aisément dans le second mouvement, plus décousu, rythmé et faisant appel à des danses paysannes. C’est alors un Allegro giocoso bien affirmé, dont Alexandra Conunova domine sans problème les difficultés techniques. Son aisance et la pureté de son jeu, qui n’exclut pas la puissance, sont d’ailleurs confirmées dans son bis, le redoutable Prélude (« Obsession ») de la Deuxième Sonate d’Eugène Ysaÿe où son archet ne faiblit pas.

Après cette première partie hongroise et la pause, la seconde sera naturellement, quoique à rebours du point de vue stylistique, autrichienne, avec la Cinquième Symphonie (1904) de Gustav Mahler (1860-1911), œuvre écrite en ce même début de vingtième siècle mais beaucoup plus monumentale, plus ambitieuse et plus célèbre. Jukka-Pekka Saraste, qui dirige cette fois par cœur, propose dans une vision très organique, unitaire, de l’œuvre, un flux sonore intense, continu, puissant, faisant penser à un large fleuve inextinguible. Il ne s’appesantit pas dans le premier mouvement, auquel il confère une belle fluidité avant d’embrayer immédiatement sur le deuxième. Après un Scherzo parfaitement mis en place qui ne manque pas de nerf sous la direction du chef finlandais et qui permet à Benoît de Barsony, premier cor solo, de quitter sa chaise pour se mettre en avant, l’Adagietto nous étreint véritablement. On passe, rapidement encore une fois, au dernier mouvement qui se termine comme le concerto de Bartók par un Allegro giocoso et qui achève par sa vitalité de nous emporter. L’orchestre, magnifique ce soir, n’en fait pas trop même si les percussions se font bien entendre et la direction veille à la clarté des plans sonores. L’ensemble est vigoureusement applaudi, le chef participant aux reconnaissances en se déplaçant même pour saluer, à juste titre, le premier cor solo. Superbe soirée.


Le site de Jukka-Pekka Saraste
Le site d’Alexandra Conunova



Stéphane Guy

 

 

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