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Moments de grâce Gstaad
Eglise de Rougemont
01/03/2022 -
Giuseppe Verdi : In solitaria stanza – Ave Maria – Brindisi
Francesco Paolo Tosti : Vorrei – Visione
Ottorino Respighi : Notte – Nebbie
Mario Tarenghi : Petite valse
Francesco Cilea : Romanza
César Cui : Carskoselnaja statuja – Kosnulas ja cvetka
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Skazhi o chom v teni vetvej, opus 57 n° 1 – Zabyt tak skoro – Den li tcharit, opus 47 n° 6
Sergueï Rachmaninov : In the night in my garden, opus 38 n° 1 – Margaritki, opus 38 n° 3 – Dissonans, opus 34 n° 13 – Vesennie vody, opus 14 n° 11
Marina Rebeka (soprano), Giulio Zappa (piano) 
M. Rebeka (© Michel Racine)
Après Pretty Yende, le Festival de Nouvel An de Gstaad a proposé un récital de Marina Rebeka, ce qui en dit long sur la programmation exceptionnelle de ce rendez-vous musical désormais incontournable. Annoncée souffrante, Marina Rebeka est apparue visiblement fatiguée et tendue en première partie de soirée, mais sa prestation a néanmoins atteint des sommets. Apparemment rassurée par l’état de sa voix mais aussi par l’accueil chaleureux du public, la soprano lettone a terminé la soirée entièrement libérée et en confiance.
Marina Rebeka est aujourd’hui l’une des artistes majeures du circuit lyrique international. Son récital dans la superbe petite église de Rougemont en a donné la preuve éclatante. Seul bémol : sous pression lors de son entrée, la chanteuse ne s’est peut-être pas rendu compte qu’elle se produisait dans une minuscule salle de 150 places, avec les spectateurs du premier rang à 1 mètre d’elle, et a chanté avec la puissance qui aurait été de mise dans une salle de 2 000 personnes. La soirée a débuté par trois airs de chambre de Verdi, très peu connus. Timbre de velours, émission parfaitement contrôlée, la chanteuse a d’emblée séduit par son expressivité et sa parfaite adhésion aux textes, une caractéristique qui reviendra tout au long du récital. Les deux airs de Tosti qui ont suivi ont permis de mettre en valeur la richesse des couleurs et des harmoniques de la voix de la soprano. Les deux airs de Respighi qui ont conclu la première partie ont, quant à eux, démontré la technique impeccable de la chanteuse, qui possède de surcroît des graves magnifiques. Dans la partie russe de son récital, Marina Rebeka s’est montrée parfaitement à son aise, avec des moments de grâce, notamment dans les passages élégiaques. Sans doute encouragée par les applaudissements du public, la chanteuse a oublié sa fatigue pour offrir deux bis : le « Bolero » (« Mercè dilette amiche ») des Vêpres siciliennes de Verdi et le célèbre « Ebben n’andrò lontana » de La Wally de Catalani, un air de circonstance puisque l’héroïne décide de quitter la maison familiale en affrontant la neige et le froid. Le piano raffiné et délicat de Giulio Zappa a été un accompagnateur idéal. L’entente a été parfaite entre les deux artistes et leur complicité a fait plaisir à voir.
Claudio Poloni
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