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L’autre concert de la Saint-Sylvestre

Vienna
Konzerthaus
12/30/2021 -  et 31 décembre 2021, 1er janvier 2022
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125
Anu Komsi (soprano), Tuija Knihtilä (mezzo), Diego Godoy (ténor), Christian Senn (baryton)
Wiener Singakademie, Heinz Ferlesch (chef de chœur), Wiener Symphoniker, Sakari Oramo (direction)


S. Oramo (© Benjamin Ealovega)


Rituel des fins d’années musicales, le concert de la Saint-Sylvestre du Symphonique de Vienne produit invariablement depuis l’année 1975 la Neuvième Symphonie de Beethoven dans la grande salle du Konzerthaus, ce qui devrait immanquablement suffire à cataloguer l’événement en tradition autrichienne. Après une annulation exceptionnelle l’an dernier, pour cause de COVID, la prestation est reconduite cette année face à une audience réduite de 999  places assises, pour les mêmes raisons sanitaires.


Sakari Oramo se plie avec sérieux à l’exercice, délivrant une lecture vigoureuse et en apparence peu influencée par l’héritage des interprétation historiques, mais manquant à l’occasion de fantaisie, et sujette aussi à quelques duretés.


L’entame du premier mouvement ne manque pas de surprendre : compacte, rythmée, il n’y a pas une once de mystère, les musiciens nous poussant d’entrée au pied de l’abîme, dans une vision radicalement sombre. C’est peu commun, peut-être contraire à l’intention beethovénienne – mais qui sommes-nous pour le savoir ? – cela fonctionne en fait assez bien au concert, enlevant au passage un peu de l’aura mystique qui entoure cet ultime opus symphonique.


L’atmosphère du scherzo reste plongée dans une pénombre subtile malgré la légèreté de l’articulation. Tout juste note-t-on de légers fléchissements de tempo lors des entrées de vents, qui semblent ne pas s’accommoder entièrement des tentatives de relances permanentes du chef, soucieux apparemment de ne pas lever le pied. L’adagio est pris à un tempo proche des indications métronomiques de la partition, évitant tout de même de tomber dans le piège de la précipitation grossière. Moment d’apesanteur et de suspension de l’écoulement du temps : l’interlude de seize mesures confié aux vents qui prépare l’ultime variation du mouvement, qui trouve là un équilibre quasi idéal.


Le final commence en trombe, lançant avec détermination les pupitres de violoncelles et contrebasses, unis comme la marée montante, s’engouffrant dans chemin qui semble sans retour. L’impression globale est cependant plus mitigée ; on note certaines raideurs, donnant une atmosphère plus martiale que nécessaire, et le quatuor vocal (constitué de deux Chiliens et deux Finnoises) déçoit quelque peu. Un vibrato un peu large nuit a la lisibilité du baryton ; les voix féminines semblent devoir forcer pour passer la scène (les solistes se trouvent en effet placés au balcon central, entourant l’orgue). C’est le ténor s’en sort probablement le mieux, parvenant à faire valoir un timbre généreux, sans outrance.


Un beau début d’année certes, qui fait honneur à l’excellence de la formation viennoise – on aura pourtant entendu un Sakari Oramo bien plus engagé (ou engageant) dans ses précédentes apparitions, lorsqu’il s’agissait de défendre la cause de son compositeur fétiche Rued Langgaard (voir ici et ici).



Dimitri Finker

 

 

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