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Heil Walter! Preis sei deinem Lied! Toulouse Halle aux Grains 01/31/2002 - Leos Janácek : Trois danses lachiennes Béla Bartók : Concerto pour violon N°2 Antonín Dvorák : Symphonie N°8 Orchestre National du Capitole de Toulouse, Walter Weller (direction), Laurent Korcia (violon) Walter Weller avait fait si forte impression lors de sa précédente venue à la tête de l’orchestre toulousain en 1999 que l’on attendait son retour avec une impatience mêlée d’un peu d’appréhension. Mais, loin de décevoir, le chef autrichien a donné ici une nouvelle preuve de ses grandes qualités. Surtout, ce concert a brillamment illustré la maturité atteinte aujourd’hui par l’orchestre du Capitole, dont la sonorité légère mais puissante au besoin, les bois limpides, les cordes transparentes, ont servi une mise en place d’une très grande précision.
Après la mise en bouche d’un Janácek plutôt inconsistant -on est très loin dans ces Danses Lachiennes de la beauté de Tarass Boulba- le Concerto de Bartók permettait d’entendre la merveilleuse alchimie sonore toute de finesse d’un orchestre transparent. La direction de Walter Weller, tout comme le jeu des musiciens, servait une image plus lyrique que tendue de l’œuvre, dans une atmosphère aux timbres richement diaprés. Cependant, le jeu appuyé et parfois rugueux de Laurent Korcia ne se mariait pas idéalement à tant de raffinement. On peut certes goûter, au nom de l’expressivité, ce débordement de passion “tzigane” qui lui fait écraser son archet dès l’entrée. On peut aussi trouver que ce concerto demande plus de non-dit que de débordement, plus de chant intérieur que de pathos extraverti, et que la fragilité de l’expression intime doit ici primer sur la maîtrise démonstrative d’une technique parfaite. Il faut cependant reconnaître, à la décharge de Laurent Korcia, que l’acoustique mate de la Halle aux Grains anesthésie totalement les harmoniques du violon et lui enlève toute présence.
Libéré du soliste, Walter Weller a offert une remarquable Huitième symphonie de Dvorák. Certes, il était peu question de la fameuse saveur rythmique typique des interprètes tchèques dans cette vision somme toute traditionnelle, et l’épisode central de l’Adagio se parait de couleurs parsifaliennes sans doute étrangères au propos original du compositeur. Mais comment résister au naturel, à l’énergie et à la chaleur qui se dégageaient de cette interprétation tout simplement belle ? L’emballement de la fin de l’Allegro ma non troppo, parfaitement maîtrisé par un orchestre capable ici de la plus grande délicatesse comme des plus fracassants fortissimos, produisait un effet absolument irrésistible de puissance souple subitement déchaînée.
Un orchestre élégant et en pleine forme, un chef maîtrisant parfaitement son sujet, grand concert donc! Laurent Marty
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