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Cent ans jour pour jour

Paris
Maison de la radio et de la musique
12/15/2021 -  et 16* décembre 2021
Camille Saint-Saëns : Requiem, opus 54 – Symphonie n° 3, opus 78
Véronique Gens (soprano), Aliénor Feix (mezzo), Julien Behr (ténor), Nicolas Testé (basse), Olivier Latry (orgue)
Chœur de Radio France, Martina Batic (chef de chœur), Orchestre national de France, Cristian Măcelaru (direction)


C. Măcelaru (© Sorin Popa)


Cent ans jour pour jour après sa mort à Alger, Cristian Măcelaru rend hommage à Saint-Saëns. On se réjouit que le chef du National éprouve un grand amour pour la musique française et le compositeur du Carnaval des animaux. Et on le remercie de nous avoir rendu le chef-d’œuvre qu’est le Requiem, connu par le magnifique enregistrement de Jacques Mercier (Sony). Une partition hautement inspirée, où Saint-Saëns, qui ne retient pas l’intégralité de l’office des morts, confirme qu’il conçoit l’orchestre en termes de timbres, déployant une grande invention dans leur combinaison au sein d’un orchestre sans clarinettes, trompettes ni percussions mais avec quatre harpes et un orgue. L’œuvre date de 1878, alors que Samson et Dalila a été créé un an avant par Liszt à Weimar : on ne s’étonnera pas que le peuple des croyants, au début et à la fin, rappelle beaucoup celui des Hébreux asservis par les Philistins, eux aussi entre la crainte et l’espérance. Les choristes de Radio France, masqués et à distance les uns des autres, se montrent sous leur meilleur jour. Si ce Requiem, pourtant si différent, peut parfois figurer à côté de celui de Verdi, Saint-Saëns y oublie qu’il est compositeur d’opéras : seul le ténor chante un solo flatteur, que Julien Behr, un peu tendu dans l’émission, restitue avec une grande ferveur, Véronique Gens, Aliénor Feix et Nicolas Testé composant avec lui un ensemble à l’homogénéité parfaite. Cristian Măcelaru allie la puissance et le recueillement, à travers une interprétation très unitaire et d’une grande fluidité.


Cette fluidité ne caractérise pas moins le célébrissime Troisième Symphonie qui, dès l’Adagio et l’Allegro moderato, montre une précision et un raffinement remarquables, une attention gourmande aux couleurs de l’orchestre. Le chef roumain déploie ici une grande énergie, décuplant le potentiel dramatique de la partition. L’Adagio séduit par la qualité de la pâte sonore, à la fois dense et souple, avec des cordes d’une homogénéité et d’une rondeur auxquelles le National ne parvient pas toujours. Et il y a ici une ampleur, une grandeur quasi mystique, que la tradition française n’associe guère à Saint-Saëns, dont Cristian Măcelaru nous révèle peut-être une face cachée – pour un peu, on penserait aux adagios brucknériens. Les teintes sont aussi, ici comme dans l’ensemble de la Symphonie, plus sombres que de coutume. Le Scherzo lance des éclairs, le final, très tenu, ne vire jamais à la démonstration spectaculaire même si l’orchestre paraît de plus en plus galvanisé. Tout cette seconde partie, au-delà de l’effet qu’elle produit, est remarquablement construite, le chef montrant, à l’égal du compositeur, une maîtrise virtuose de la forme et du principe cyclique. Déjà à l’œuvre dans le Requiem, Olivier Latry s’apparie à l’orchestre, mais les graves de l’orgue de la maison sont trop sourds.


Voici donc, en tout cas, renouvelée notre approche de Saint-Saëns : rien n’est plus instructif, à ce titre, que la comparaison de l’intégrale que Cristian Măcelaru vient de graver avec celle, historique, de Jean Martinon avec le National des années 1970. Pour finir, un bis savoureux : l’Adagio de la juvénile Symphonie en mi bémol, au beau solo de cor anglais.


Le concert en intégralité sur Arte Concert :






Didier van Moere

 

 

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