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Pétillant de bonne humeur

Lyon
Oullins (Théâtre de la Renaissance)
12/14/2021 -  et 16, 17, 18* (Oullins), 22 (Saint-Etienne) décembre 2021
Richard Adler & Jerry Ross : The Pajama Game
Vincent Heden (Sid), Dalia Constantin (Babe), Zacharie Saal (Hines), Cloe Horry (Mab), Mathilde Lemonnier (Mae), Pierre Lecomte (Charlie), Marianne Devos (Brenda), Alexis Meriaux (Prez), Marie Glorieux (Poopsie), Amelie Munier (Gladys)
Sébastien Jaudon (piano), Daniel Romero (contrebasse), Gérard Lecointe (direction musicale, arrangements et percussions)
Jean Lacornerie, Raphaël Cottin (mise en scène), Marc Lainé, Stephan Zimmerli (décors), David Debrinay (lumières), Marion Benagès (costumes)


(© Michel Cavalca)


On doit à Jean Lacornerie, ancien directeur des théâtres d’Oullins (2002-2010), puis de la Croix-Rousse (2010-2020), la création française de la comédie musicale Le Jeu du pyjama (1954) lors d’une vaste tournée dans l’Hexagone dès 2019, malheureusement interrompue par la crise du covid. On ne peut que se réjouir de retrouver ce spectacle très réussi pour quelques dates à Oullins (ville située dans la banlieue sud de Lyon et facilement accessible par le métro), tant sa contagieuse bonne humeur rend un hommage délicieux à ce chef-d’œuvre de la comédie musicale américaine.


Créé à Broadway en 1954, l’ouvrage remporta un succès immédiat, autant public que critique (Tony Award de la meilleure comédie musicale), du fait de sa musique inspirée, aux influences jazzy et mêlant des danses contemporaines, dont s’empare Gérard Lecointe en une adaptation pour petit ensemble admirablement ciselée, notamment au niveau rythmique. Autre motif de succès, le livret de George Abbott qui surprend par sa satire mordante du capitalisme (surtout en ces années où sévit encore le maccarthysme), autour des revendications syndicalistes d’ouvrières du textile, en lutte avec la hiérarchie masculine. Quelques chansons inoubliables font valoir les qualités d’écriture du livret, aussi fin que drôle, notamment le vrai-faux duo d’amour « Small talk » (« Banalités ») ou le comptage hilarant des avantages procurés par une augmentation pourtant symbolique (« 7 1/2 cents »), sans parler de la brillante scène chorale en boîte de nuit, « Hernando’s Hideaway ».


La mise en scène de Jean Lacornerie et Raphaël Cottin choisit d’habiller tout le petit monde des travailleurs (chefs compris, hormis le patron de l’usine qui n’existe qu’en voix off) en tuniques une pièce aux couleurs acidulées et en partie transparentes. Les éclairages jouent de cette variété de couleurs pour animer les différents tableaux d’une modernité aussi étrange que farfelues, convenant parfaitement à l’énergie déployée sur le plateau, autour du ballet saisissant des interprètes comme des accessoires (toujours en lien avec l’usine). La plupart des interprètes jouent d’un instrument, ce qui donne une distance bienvenue aux péripéties, souvent loufoques. La scénographie, parfaitement réglée, joue sur les volumes (admirable scène en ombres chinoises) ou sur quelques effets lumineux (boîte de nuit).


D’une ivresse sonore réjouissante, l’interprétation du petit ensemble de Gerard Lecointe est un régal de bout en bout, s’autorisant même une sorte de « bœuf » en milieu de spectacle. A ses côtés, le plateau vocal réuni montre une belle tenue, sans pour autant briller, à force d’homogénéité et de cohésion, le tout parfaitement en place dans les scènes de groupe. Si Vincent Heden (Sid) a pour lui une technique parfaite et un timbre splendide, son interprétation un rien monolithique l’empêche de tutoyer les sommets, tandis que la plus expressive Dalia Constantin (Babe) souffre dans les parties enlevées, qui occasionnent quelques faussetés.


Ces quelques réserves au niveau vocal n’empêchent pas le public, venu en nombre à Oullins, faire un triomphe à cette production très réussie, véritable antidote aux moroses soirées d’hiver.



Florent Coudeyrat

 

 

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