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Le souffle de Saint-Pétersbourg

Monaco
Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
12/05/2021 -  
Carl Maria von Weber : Der Freischütz, J. 277 : Ouverture
Robert Schumann : Concerto pour piano en la mineur, opus 54
Sergueï Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Rafal Blechacz (piano)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Stanislav Kochanovsky (direction)


R. Blechacz, S. Kochanovsky (© André Peyrègne)


L’inconvénient, avec les œuvres célèbres, c’est que, lorsqu’on va les écouter, on a plein la tête de souvenirs de concerts passés et de disques aimés. Prenons le Concerto pour piano de Schumann. Au moment de l’entendre, Lipatti, Freire, Richter ou Argerich hantent notre mémoire. Il est difficile de leur faire concurrence !


Il en est un, à Monaco, qui aurait pu le faire : le Polonais Rafal Blechacz – ce pianiste qui nous a ébloui à maintes occasions et qui fut si brillant en 2005, lorsqu’il remporta le concours Chopin de Varsovie, que le jury décida de n’attribuer derrière lui aucun second prix afin de bien marquer la différence avec ses concurrents.


Eh bien à Monaco, il nous a laissé sur notre faim. Tout en déployant une belle sonorité, il nous donna du concerto de Schumann une interprétation manquant de souffle, de charme, de relief, avec de curieux changements rythmiques qui heurtaient le cours du discours sans avoir l’élégance d’un beau rubato. Où était le Blechacz de naguère ? Puis vint le bis : une valse de Chopin. Alors là, tout à coup, en trois minutes, le magicien Blechacz est revenu. Soudain, l’âme de Chopin était parmi nous. Trois minutes de bonheur...


Si le concerto de Schumann nous a déçu, en revanche les Danses symphoniques de Rachmaninov nous ont comblé. Le Philharmonique de Monte-Carlo y a été splendide sous la direction d’un jeune chef russe à allure de gentleman, Stanislav Kochanovsky. Tout y était, de la densité, de l’émotion, de la puissance, de la gravité, de la solennité et aussi de la rugosité et du tragique de cette œuvre que Rachmaninov a composée au soir de sa vie. Emigré depuis trois décennies en Amérique, il avait la nostalgie de son pays. Des cloches sonnent, un saxophone chante, des citations du Dies iræ passent dans cette partition sur laquelle Rachmaninov a écrit : « Je rends grâce à Dieu ». Il sollicite le Saint-Esprit.


Stanislav Kochanovsky, qui avait déjà été brillant dans l’ouverture du Freischütz en début de concert, a été encore plus performant ici, tenant l’orchestre d’une main ferme, obtenant de ses musiciens une cohésion parfaite, des attaques tranchantes, des couleurs éclatantes, des envolées puissantes. Ce chef est le représentant d’une grande tradition russe. Il est né et a été formé à Saint-Pétersbourg. Et c’est ainsi que dans cette œuvre le souffle de Saint-Pétersbourg est venu se mêler à celui du Saint-Esprit...



André Peyrègne

 

 

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