About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un seul être vous manque...

Paris
Palais Garnier
12/01/2021 -  et 2, 3*, 4, 5, 7, 9, 10, 11, 12, 14, 16, 18, 20, 22, 23, 24, 25, 27, 29, 31 décembre 2021, 1er, 2 janvier 2022
Rhapsody
Frederick Ashton (chorégraphie), Serge Rachmaninov (musique)
Patrick Caulfied (décors, costumes), John B. Read (lumières)


Faunes (création)
Sharon Eyal (chorégraphie), Claude Debussy (musique)
Gai Behar (co-créateur), Maria-Grazia Chiuri (costumes), Alon Cohen (lumières)


Le Sacre du printemps
Vaslav Nijinski (chorégraphie), Igor Stravinski (musique)
Dominique Brun (recréation, adaptation chorégraphique), Nicolas Roerich (décors, costumes), Alexandre Vassiliev (adaptation scénique, conseiller historique)
Ballet de l’Opéra national de Paris
Joseph Moog (piano), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Vello Pähn (direction musicale)


P. Legasa & L. Pagliero dans Rhapsody
(© Yonathan Kellerman/Opéra national de Paris)



Pour les fêtes de fin d’année, en parallèle avec la reprise à l’Opéra Bastille de l’inépuisable Don Quichotte version Noureev, le Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) propose au Palais Garnier un bien peu festif programme russe.


On pourrait paraphraser Lamartine et son poème L’Isolement, car pour au moins trois représentations de ce nouveau spectacle Ashton/Eyal/Nijinski, un seul musicien touché par la covid󈚷 et c’est la fosse qui est dépeuplée. Pas de remplacement possible, tous les musiciens étant « cas contact » et l’orchestre à l’isolement. Heureusement l’Opéra de Paris semblait avoir anticipé la chose et enregistré la totalité de la musique de cette soirée sous la direction de Vello Pähn et le pianiste allemand Joseph Moog, si rare à Paris que l’on se réjouissait de l’entendre jouer la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. Et il semble que devrait suivre l’enregistrement de la musique de Ludwig Minkus pour la chorégraphie de Don Quichotte de Rudolf Noureev, qui continue depuis quarante ans de faire de l’usage, dansée à Bastille pendant le mois de décembre. On réalise dans ces soirées à musique enregistrée la chance que l’on a avec le BOP de pouvoir bénéficier, pour l’essentiel de leurs spectacles, d’un orchestre dans la fosse avec très souvent d’excellents chefs. L’équipement sonore très moyen du Palais Garnier et la nouveauté de ce procédé d’enregistrement le faisait regretter particulièrement pendant la première moitié du spectacle avec un son très sourd et mat, l’enregistrement du Sacre du printemps étant un peu meilleur.


Quant au choix des pièces qui composent cette étrange soirée, on s’interroge sur le fil conducteur. Soirée russe, certes, mais que fait cette Rhapsody de Frederick Ashton en prélude à deux purs produits des Ballets russes de Serge de Diaghilev ? Certes la pièce est réglée sur la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov, ce qui, avec le Sacre de Stravinski, en fait en partie une soirée de musique russe. Soit ! Mais l’explication reste bancale ! Mais que ce bonbon anglais de saveurs et de couleurs est bien indigeste avec sa chorégraphie surannée et ses décors et costumes de Patrick Caulfield si démodés. Sir Frederick, créateur du Royal Ballet, avait réglé en 1980 cette très virtuose pièce de circonstance, idée brillante pour le choix musical, en hommage à la Reine Mère Elizabeth, patronne du ballet, pour son quatre-vingtième anniversaire. Mikhaïl Barychnikov et Lesley Collier en étaient les solistes. Pablo Legasa n’a aucun charisme, habillé en valet de trèfle, pour faire pétiller cette série de figures un peu vaines mais terriblement virtuoses. Ludmila Pagliero, dans une bien peu seyante robe jaune d’inspiration indienne, s’en tire mieux. On espère que cette pièce étrange, qui apparemment est au répertoire du BOP depuis 1996, retournera bien vite dans le grenier où elle dormait depuis.



Y. Demol dans Faunes (© Yonathan Kellerman/Opéra national de Paris)


Sans transition, on passe à la pointe de la modernité de l’école israélienne et son style « gaga » avec Faunes, que Sharon Eyal, ancienne danseuse et chorégraphe de la Compagnie Batsheva de Tel-Aviv, a réglé pour huit danseurs sur la musique de Debussy. On ne voit pas trop ce qui l’aurait inspirée chez Nijinski dans cette suite de tableaux assez bien réglés mais à la chorégraphie si pauvre en idées et magnifiquement éclairés, effet un peu ruiné par les costumes style bandages de Maria-Grazia Chiuri, directrice artistique de la maison Dior.



Le Sacre du printemps (© Yonathan Kellerman/Opéra national de Paris)


Le plat de résistance de cette soirée reste Le Sacre du printemps, retour très attendu après vingt-six ans d’absence, dont on a confié en 2014 à Dominique Brun la recréation et l’adaptation de la chorégraphie originale de 1913 – perdue – de Vaslav Nijinski, à l’origine du scandale que l’on sait. Décors et costumes ont été reconstitués quasi à l’identique d’après Nicolas Roerich, un peu rafraîchis cependant. La chorégraphie est plus fluide et simplifie terriblement le travail de l’Élue qu’interprète délicieusement Alice Renavand. C’est toujours un plaisir et un enseignement de revenir aux sources de ce ballet que s’approprient tous les chorégraphes. une fois dans leur carrière comme un trophée avec des bonheurs divers.


Ce spectacle, qui a fait l’objet d’une captation, sera retransmis en direct le 16 décembre 2021 à 19 heures 30 sur Arte Concert et le 24 décembre 2021 à 22 heures 25 sur Arte.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com