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Le Bruckner singulier d’Esa-Pekka Salonen

Paris
Philharmonie
12/01/2021 -  et 2 décembre 2021
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 1, opus 107
Anton Bruckner : Symphonie n° 6

Gautier Capuçon (violoncelle)
Orchestre de Paris, Esa-Pekka Salonen (direction)


E.-P. Salonen (© Patrick Swirc)


Un concert d’Esa-Pekka Salonen est un événement : il a toujours quelque chose à dire, quitte à déconcerter, comme il vient de le faire dans la Sixième Symphonie de Bruckner, où on ne l’attendait pas forcément. Le Majestoso initial donne le ton : éventail dynamique déployé presque à l’infini, effets de couleur quasi impressionnistes, souplesse féline du rythme... à l’exact opposé d’une certaine tradition, que, de toute façon, il n’a jamais cherché à incarner. Ce Bruckner-là n’est pas un bâtisseur de cathédrales, lui non plus : la structure semble d’ailleurs un peu lâche. L’Adagio n’est que séduction, par la beauté hédoniste, capiteuse de la pâte sonore, avec un superbe thème des violoncelles, la chaleur de son lyrisme, le dosage très progressif des crescendos, rien moins que boursouflés, une maîtrise de la forme enfin conquise. Le côté dansant, ailé, quasi mendelssohnien du Scherzo surprend, le savoureux Trio pourrait rappeler quelque ballet tchaïkovskien : ce Bruckner, tout le confirme, sonne autrement. Le Finale rejoint un peu le Majestoso, privilégiant, de nouveau, moins la conduite unitaire du discours que le rythme, la couleur et la plasticité, presque chorégraphique parfois, éblouissant de lumière jubilatoire. On est fasciné, grâce aussi à un Orchestre de Paris en état de grâce... et dérouté.


Le Premier Concerto pour violoncelle de Chostakovitch inaugurait le concert. Dès un clair et acéré Allegretto initial, aux timbres assez stravinskiens, Salonen, loin d’être aussi hétérodoxe que dans la symphonie de Bruckner, s’y éloigne néanmoins d’une tradition de noirceur grinçante qu’illustraient, depuis la création par Mstislav Rostropovitch et Evgueni Mravinski, les interprètes russes. Porté par la sonorité magnifiquement généreuse de son Matteo Goffriller, Gautier Capuçon y révèle une totale maîtrise, notamment dans la Cadence, et propose de la partition une lecture fantasque, qui ferait presque du Concerto un pendant du Don Quichotte de Strauss, avec un Moderato au lyrisme désenchanté, où Salonen le rejoint complètement. L’Allegro con moto final ressemble à une chevauchée fantastique, implacable et impeccable course à l’abîme où soliste et orchestre rivalisent de virtuosité. Le bis, un éthéré Chant des oiseaux de Pablo Casals, conduit à l’opposé, vers un ailleurs beaucoup plus serein.



Didier van Moere

 

 

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