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Saint Saëns et le prince Monaco Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) 11/28/2021 - Charles Gounod : Symphonie n° 1 en ré majeur
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violoncelle n° 1 en la mineur, opus 33
César Franck : Symphonie en ré mineur Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction)
T. Mørk (© André Peyrègne)
Monaco a mis un soin particulier pour célébrer le centenaire de la mort de Saint-Saëns (le 16 décembre 1921). Ce compositeur était en effet un ami du prince Albert Ier. Le concert prenait place dans une série de manifestations organisées depuis le début de l’année pour célébrer le centenaire de la propre mort du prince (le 26 juin 1922). Le compositeur et le prince se rencontraient à l’Institut de France, le premier étant membre de l’Académie des Beaux-Arts, et le second membre associé de l’Académie des Sciences, pour ses recherches océanographiques.
Le concert du Philharmonique de Monte-Carlo comportait le Premier Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns. Pour la circonstance, Monaco a cherché à engager le meilleur soliste possible. Il ne s’est pas trompé en faisant venir Truls Mørk. Ce génie norvégien du violoncelle nous a donné une des plus belles interprétations qu’on puisse souhaiter de cette œuvre : tout y était de la beauté du son, de l’ampleur des phrasés, de l’intensité du chant, du soin des respirations, de la sûreté de la virtuosité. Son jeu avait en plus quelque chose de personnel qui contribuait à magnifier la partition sans la dénaturer. L’enchantement se poursuivit en bis, avec les envolées incantatoires du Chant des oiseaux de Pablo Casals.
Après avoir été sur un tel sommet, on ne pouvait que descendre. Eh bien détrompez-vous ! Le Philharmonique de Monte-Carlo nous gratifia ensuite d’une version de la Symphonie de Franck qui nous maintint en altitude. Kazuki Yamada, qui, concert après concert, ne cesse de nous surprendre, entraîna son orchestre dans un tourbillon qui tenait de la féerie. Au pupitre, ce chef est vif comme un feu follet. Il vous allume en un instant un incendie au milieu des cordes ou des cuivres. L’instant suivant, il fait patte de velours. De deux bras levés, il soulève une fanfare et, aussitôt après, tend vers les violons deux mains suppliantes qui ramènent le calme. Il fit naître dans le mystère le thème cyclique de la symphonie (ré/do dièse/fa-fa/mi/la), déploya avec délicatesse le voile vaporeux du second thème, souleva les bras en l’air les fanfares de l’allegro et du final, ménagea un chemin poétique au thème du cor anglais qui ouvre le deuxième mouvement, fit tournoyer délicatement le scherzo qui apparaît au milieu de même mouvement. A tous les pupitres, les solistes participaient à cette féerie : Liza Kerob, violon solo, belle amazone qui entraîne sans faiblir ses troupes dans la tempête, Jean-Marc Jourdin au cor anglais, Patrick Peignier au cor, Julien Bourgeois qui, au dernier rang, ponctue aux timbales l’avancée puissante de l’orchestre. On ne peut les citer tous...
Le concert s’était ouvert par une interprétation moins exaltante de l’adorable Première Symphonie de Gounod. Peu importe, le régal était pour la suite. Les caméras de Mezzo étaient là pour immortaliser l’événement.
Monaco voulait célébrer Saint-Saëns. Franck aussi, fut à la fête...
André Peyrègne
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