About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La Petite Renarde rusée ou les voix de la nature aux Champs-Elysées

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/24/2021 -  
Leos Janácek : Príhody lisky Bystrousky
Elena Tsallagova (La renarde), Roland Wood (Le garde-chasse), Angela Brower (Le renard), Elizabeth Cragg (La poule, Le geai), Ella Taylor (Le coq, La femme de l’aubergiste), Kitty Whately (Le chien, La femme du garde-chasse, La chouette, Le Pivert), Robert Murray (Le maître d’école, Le moustique, L’aubergiste), William Thomas (Le blaireau, Le curé, Le braconnier), Catherine Mulroy (La petite renarde), Joshua Webb (Le criquet), Christopher Bergs (La sauterelle), Ben Fletcher (La grenouille), Leo Jemison (Pepík), Joshua D’Souza Konda (Frantík), Daniel Todd, Simeon Wren (Les renardeaux)
Chœur de Radio France, Irène Kudela (chef de chœur), City of Birmingham Symphony Orchestra, Mirga Grazinytė-Tyla (direction)


M. Grazinytė-Tyla (© Ben Ealovega)


« Une fable écologiste et panthéiste », dit André Lischke dans sa très belle présentation. La Petite Renarde rusée nous en dit beaucoup sur Janácek, son intimité avec une nature où l’homme et l’animal, même s’ils s’opposent, se ressemblent beaucoup, contribuant chacun à sa manière au renouvellement du cycle du temps. On se souvient de la jolie production d’André Engel, à Lyon puis à Paris. Sir Simon Rattle l’avait naguère dirigée à la Philharmonie, où Peter Sellars avait réalisé une sorte de demi-mise en scène, adaptée au lieu. Les Champs-Elysées viennent de proposer une simple mise en espace, modeste mais pertinente, de simples branches d’arbres symbolisant la nature, préservant l’esprit et le sel de l’œuvre grâce à des interprètes, qui incarnent avec justesse les différents personnages.


L’ensemble séduit aussitôt par son homogénéité, alors qu’ il faut des chanteurs rompus à la déclamation très spécifique, liée à la prosodie de la langue tchèque, qu’impose Janácek dans ses œuvres lyriques. Si la voix a perdu de sa fraîcheur, elle a pris du corps et Elena Tsallagova garde une jeunesse lumineuse en Renarde, touchante ou insolente, bien appariée au Renard d’Angela Brower qui, tout en manquant de rondeur dans le timbre, chante avec elle un magnifique duo d’amour à la fin du deuxième acte. Le beau baryton de Roland Wood incarne un Garde-Chasse parfait, entre rudesse et empathie, superbe dans la très lyrique scène finale où, devant une petite renarde, il laisse cette fois tomber son fusil. Tous les autres seraient à citer, qui endossent plusieurs rôles, tels le très prometteur William Thomas, au grave profond, notamment en Curé bien campé, ou Robert Murray, Maître d’école ténor de caractère. Les enfants anglais sont charmants, mais le Chœur de Radio France ne brille guère.


Dans La Petite Renarde, tout passe par l’orchestre, un Birmingham de haut vol, avec des pages symphoniques assez développées – qu’une Suite regroupe. Mirga Grazinytė-Tyla conjugue la verdeur et le lyrisme, concilie la rigueur de l’analyse et le déploiement des couleurs. Donnée sans entracte, comme une sorte de poème continu, l’œuvre révèle chez la Lituanienne un sens du rythme et du théâtre, un art de tendre l’arc sans le raidir, tout en faisant corps avec les chanteurs, comme si tout ici n’était que voix d’une nature dont on respire les parfums.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com