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Une Lucia à l’ancienne

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/19/2021 -  et 21*, 24, 27, 30 novembre 2021
Gaetano Donizetti: Lucia di Lammermoor
Zuzana Marková (Lucia), Julien Behr (Sir Edgardo de Ravenswood), Lionel Lhote (Lord Enrico Ashton), Luca Dall’Amico (Raimondo), Oreste Cosimo (Lord Arturo Bucklaw), Julie Bailly (Alisa), Filippo Adami (Normanno)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Dennis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Renato Balsadonna (direction musicale)
Stefani Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Gianni Santucci (reprise de la mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


(© Opéra Royal de Wallonie-Liège/Jonathan Berger)


L’Opéra royal de Wallonie reprend la Lucia di Lammermoor (1835) de novembre 2015 dans une mise en scène de Stefano Mazzonis du Pralafera, le directeur général et artistique disparu en février. A l’époque, le terrorisme menaçait le déroulement de la vie culturelle ; aujourd’hui, la menace provient de ce satané virus. Comme les courbes épidémiologiques repartent à la hausse, les choristes chantent masqués, contrairement à la précédente production, au mois d’octobre, mais cette contrainte ne les empêche pas de se présenter bien préparés.


La distribution fait honneur à la réputation de la maison. Annoncée légèrement souffrante, Zuzana Marková se montre, en effet, plutôt prudente dans la première partie, sans réelle trace d’inconfort, toutefois, mais elle parait plus en forme dans la seconde, où sa voix, idéale pour le bel canto, et la technique, très sûre, suscitent l’admiration : le timbre sonne dans le haut du registre non sans quelque dureté, mais il se teinte de suffisamment de couleurs dans le medium. La soprano maîtrise les vocalises avec agilité et livre un chant nuancé, mais aussi puissant quand il le faut, encore que le volume demeure dans l’ensemble plutôt modéré, tandis que les aigus, fort sollicités, sonnent avec clarté, en particulier dans l’air de la folie, accompagné à l’harmonica de verre. A défaut d’émouvoir, sa Lucia prouve l’adéquation entre les moyens et le rôle.


Le timbre plus rond de Julien Behr séduit davantage que celui de sa partenaire, d’autant plus que le ténor français, qui incarne un Edgardo assez fougueux, fait preuve de rigueur stylistique. Le chanteur semble à l’aise dans ce répertoire, alors que sa biographie ne le présente pas comme un spécialiste de l’opéra italien du début du dix-neuvième siècle : une très belle prestation reconnue comme il se doit par le public. Récoltant aux saluts de très chaleureux applaudissements, lui aussi, Lionel Lhote livre, comme à son habitude, une prestation impeccable en Enrico, incarné avec une indéniable probité artistique. Doté d’une voix toujours aussi somptueuse, le baryton affiche, en particulier, une maitrise du phrasé et du legato remarquable. La prestance vocale et physique de Luca Dall’Amico ne pâlit pas en comparaison, mais il aurait fallu un peu plus de mordant dans le phrasé et de profondeur dans le grave à ce chanteur racé et au métier solide pour totalement nous impressionner en Raimondo. Julie Bailly, Oreste Cosimo et Filippo Adami, respectivement Alisa, Arturo et Normanno, complètent soigneusement la distribution. Malgré des cuivres pas toujours réjouissants, l’orchestre tient son rang sous la direction compétente de Renato Balsadonna qui imprime l’élan théâtral nécessaire, dans un équilibre dans l’ensemble satisfaisant avec le plateau. Toutefois, probablement seuls les tout grands chefs et les meilleurs orchestres d’opéra peuvent rendre l’éclat et la fulgurance de cette musique avec une vigueur et une netteté parfaites.


Si les personnages principaux paraissent crédibles, le mérite revient avant tout au talent et au métier des interprètes, car ce spectacle pâtit de l’absence d’une vraie direction d’acteur, celle-ci se réduisant au strict minimum, avec des poses et des mouvements trop figés et stéréotypés. Les chanteurs évoluent dans un décor réaliste, qui évoque l’Ecosse d’antan, mais comme il y a six ans, Edgardo succombe sous une inoffensive et ridicule chute de blocs de pierre qui rebondissent. Le travail sur les lumières présente trop peu d’originalité, alors qu’il y avait matière à concevoir de mémorables jeux d’éclairages. Les costumes ne manquent pas d’impressionner, les collerettes extravagantes constituant, en fin de compte, la seule relative audace de cette mise en scène d’un autre âge, mais ultra lisible et fidèle au livret.



Sébastien Foucart

 

 

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