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Couleurs, Contes et Barbarie

München
Herkulessaal
11/04/2021 -  11/05/2021
Claude Debussy: Jeux
Arnold Schoenberg: Concerto pour piano, opus 42
Igor Stravinsky: Le Sacre du printemps

Kirill Gerstein (piano)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, François-Xavier Roth (direction)


K. Gerstein, F.-X. Roth (© Astrid Ackermann)


Certains mélomanes ont eu peut-être l’occasion d’assister à des concerts où Pierre Boulez dirigeait l’Orchestre philharmonique de Vienne dans la musique de Gustav Mahler. Le chef français était attentif à la mise en place, au respect scrupuleux des indications de la partition mais ne cherchait pas à transformer le son naturel de l’orchestre. Le son et le style viennois étaient préservés dans le cadre établi par le chef.


Il y a des similarités dans la manière dont François-Xavier Roth, collaborateur et défenseur de la musique Pierre Boulez et fondateur de l’orchestre Les Siècles, aborde Jeux de Debussy avec le plus bavarois des orchestres. La mise en place est d’une grande tenue, les nombreux passages chambristes ont beaucoup de relief mais les tutti conservent une certaine couleur germanique avec des cuivres et des cordes probablement plus présents que ne l’aurait attendu Debussy. Par comparaison, le son d’un orchestre « français » serait plus centré sur les contribution des bois, l’Orchestre de la Suisse romande étant un exemple typique de ce style. Comme le faisait Boulez, Roth crée un cadre mais ne cherche pas à radicalement transformer le style bâti sur des décennies par les musiciens de l’Orchestre de la Radio bavaroise.


Il y a un certain parallèle avec l’approche retenue pour le Concerto pour piano de Schoenberg. Son soliste Kirill Gerstein a un son puissant et l’orchestre qui l’accompagne ne se bride pas pour trouver les équilibres. Chef et soliste rendent justice au caractère « théâtral » de cette pièce qui contient des passages dramatiques et qui, autant que Schoenberg le demande, raconte une histoire. Le pianiste russo-américain (et berlinois de résidence) a un son riche et une technique impeccable. Il trouve une certaine fièvre dans le premier mouvement tandis que la citation de valse finale est un peu « canaille ». Kirill Gerstein revient à Debussy en bis avec l’Etude « Pour les arpèges composés » qui, comme pour Jeux, est impeccable mais un peu trop « colorée ».


En seconde partie, François-Xavier Roth retrouve un compositeur et une œuvre qu’il a beaucoup servis. Dans l’entretien qu’il nous avait accordé en 2018, Pierre-Laurent Aimard avait rappelé le risque que pour une pièce comme le Sacre du printemps, le « confort s’installe ». Roth et ses musiciens trouvent ici le ton dramatique de cette pièce. Le niveau des musiciens est d’un bout à l’autre du ballet de Stravinsky très élevé. Mais ces capacités musicales sont ici au service de la pièce. La maîtrise du chef est évidente: Combien d’entre eux trouvent le ton juste sur les nuances Presto subito cordes et bassons autour du numéro 20, tentent un long point d’orgue avant l’« Adoration de la terre » ou font ressortir la richesse des parties divisées aux cordes dans la seconde partie. Les tempi sont vifs mais sans précipitation. Les phrasés sont secs et l’orchestre sait garder la richesse de ses couleurs. Tout ceci sert à nous donner un Sacre du printemps sauvage à souhait.


Le vent froid a commencé à s’installer à Munich et nous sommes en période de vacances scolaires. La salle n’était pas aussi pleine que par habitude. Ne nous y trompons pas, les absents ont bien eu tort.


Le site de François-Xavier Roth
Le site de Kirill Gerstein



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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