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Retour au baroque Geneva
Victoria Hall
11/01/2021 -
Alessandro Stradella, Claudio Monteverdi, Francesco Cavalli, Antonio Caldara, Orlando Gibbons, Lucas Ruiz de Ribayaz, José Marín, Henry Purcell, Leonardo García Alarcón, Santiago de Murcia, Diego Fernández de Huete, John Dowland, Simon Diaz : airs et pièces instrumentales
Sonya Yoncheva (soprano)
Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón (direction)
Après des incursions, parfois en demi-teinte, dans le répertoire dramatique, Sonya Yoncheva revient - le temps d’un disque et d’un concert accompagnant la parution de ce dernier - à ses premières amours, la musique baroque. On se souvient en effet qu’au début de carrière, en 2007, la chanteuse a intégré le programme de William Christie « Le Jardin des Voix » et a connu ses premiers succès dans la musique ancienne, avant de changer de cap. Son concert à Genève était d’autant plus attendu que la soprano a étudié au Conservatoire de la ville, dans la classe de Danielle Borst, puis a intégré pour quelques saisons le Chœur du Grand Théâtre, avant de s’installer sur les bords du Léman avec sa famille. Durant ses années de formation dans la cité de Calvin, elle a fait la connaissance de Leonardo García Alarcón, étudiant lui aussi. La rencontre a été déterminante pour la chanteuse, et une amitié est née avec le chef. C’est d’ailleurs lui et quelques musiciens de son ensemble Cappella Mediterranea qui accompagnent Sonya Yoncheva au disque et sur la scène du Victoria Hall. Le CD, intitulé « Rebirth » (renaissance), est le fruit d’un travail pensé il y a une dizaine d'années déjà, que le confinement du printemps 2020 aura permis de faire naître, dans la splendide acoustique de la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds. Le concert reprend la plupart des titres du CD ; il se veut un voyage à travers cinq siècles de musique, de Gibbons à García Alarcón (!!), en passant essentiellement par Monteverdi, Cavalli, Purcell et Caldara, ainsi que des compositeurs anonymes bulgares et hispaniques, sans oublier ABBA pour le bis (Like an angel passing through my room).
La voix de Sonya Yoncheva séduit par son lyrisme, son intensité et son timbre moelleux, par sa finesse aussi et son sens des nuances. La musique ancienne lui convient parfaitement. La chanteuse est totalement à l’aise sur scène, sa simplicité est touchante. Le lamento de Didon extrait de Didon et Enée de Purcell touche au sublime. Tout au plus pourrait-on regretter une certaine uniformité, un manque de variété, tous les airs ou presque que la soprano enchaîne étant des pièces plutôt lentes et contemplatives. Les contrastes viendront surtout des intermèdes musicaux. Grâce aux remarquables musiciens de la Cappella Mediterranea, et grâce surtout à Leonardo García Alarcón, qui cisèle la musique en orfèvre.
Claudio Poloni
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