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Pâques en automne Evian
Grange au Lac
10/22/2021 -
Johann Sebastian Bach : Johannes-Passion, BWW 245
Rachel Redmond (soprano), Iestyn Davies (contralto), Nicholas Scott (ténor), André Morsch (Pilate, basse), Cyril Costanzo (Jésus, basse), Paul Agnew (ténor, Evangéliste et direction)
Les Arts Florissants
(© Matthieu Joffres)
Après une édition 2020 annulée en raison de la pandémie de coronavirus, le Festival « Voix d’automne » à Evian s’est ouvert cette année avec la Passion selon saint Jean. Un choix étonnant puisque l’oratorio de Bach est normalement dévolu à la période de Pâques et est traditionnellement donné dans des églises. A Evian, il a été proposé dans le superbe écrin de la Grange au Lac, une salle de 1100 places faite uniquement de bois, inaugurée en 1993 pour Rostropovitch. Les bouleaux plantés en fond de scène rappellent d’ailleurs la patrie du célèbre violoncelliste. Et les lustres de cristal suspendus au-dessus des arbres ne font que rehausser le caractère très particulier de cette salle de concert unique en son genre. Qui plus est, la Grange au Lac est cachée au beau milieu des arbres centenaires du superbe parc de l’Hôtel Royal, qui surplombe Evian. Et à cette saison, les couleurs du parc sont un enchantement pour les yeux.
A l’intérieur, c’est un enchantement pour les oreilles avec une Passion selon saint Jean très émouvante interprétée par Les Arts Florissants. Quand bien l'ouvrage de Bach est donné en effectif réduit (vingt musiciens et vingt chanteurs), le son parvient à envelopper toute la salle. Dans l’ensemble vocal, ce sont les voix féminines qui se distinguent, même si elles sont moins nombreuses que celles de leurs collègues masculins. On admire néanmoins la précision de tous les choristes. Paul Agnew, qui officie à la fois comme chef d’orchestre et Evangéliste, donne un départ fougueux et intense à une interprétation qui se révélera finalement épurée et classique, parfaitement linéaire, mais d’une bouleversante intensité, avec un bel équilibre entre moments sombres et passages lumineux. Après un calvaire qui aura arraché des larmes à bien des spectateurs, le chœur final « Ruht wohl » (Reposez en paix) viendra apporter lumière et tendresse, avant la salve d’applaudissements du public. Le Festival « Voix d’automne » s’est poursuivi en beauté avec l’oratorio La Giuditta d’Antonio Scarlatti, chanté par les artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris, et s’est terminé par une matinée de Lieder romantiques, interprétés eux aussi par les artistes de l’Académie.
Claudio Poloni
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