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Vigoureux comme un orchestre de jeunes

Vienna
Konzerthaus
10/18/2021 -  et 14, 15 (Bremen), 17 (Hamburg), 19* (Wien) octobre 2021
Joseph Haydn: Symphonies n° 94 «Mit dem Paukenschlag», n° 99 et n° 104 «Londres»
Traditionnel: Oj, Jelena, Jelena! (arrangement Gerard McBurney)

Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Paavo Järvi (direction)


(© Julia Baier)


Nous nous étions félicités, lors du dernier passage en 2019 de la Kammerphilharmonie et de Paavo Järvi au Konzerthaus, d’avoir pu enfin entendre une symphonie de Haydn mise en valeur comme elle le devait – jouée avec attention, et en seconde partie de concert. Il fallait donc accourir pour ce programme entièrement consacré au compositeur, l’entracte consacré aux transcriptions de chants populaires de l’enfance de Haydn n’étant qu’une mise en perspective du thème utilisé dans le finale de l’ultime symphonie.



Les commentaires formulés dans la chronique de l’époque restent de mise: agilité de l’ensemble, dynamiques explosives, richesse de la palette de timbres, humour des interprètes (Järvi faisant montre d’un remarquables potentiel comique tout au long du concert). Il semblerait même que ces qualités se soient bonifiées avec le temps.


Les menuets se sont généralement radicalisés: Paavo Järvi se livre à une décomposition en règle de l’articulation, taille les carrures à la serpe, exagère les accents pour en extraire l’essence de la danse. Les interprètes ont décidemment bien digéré les leçons d’un Nikolaus Harnoncourt, dont on peut reconnaître l’héritage dans le troisième mouvement de la Cent-quatrième Symphonie: des cors qui aboient, des timbales qui tonnent. La sauvagerie n’est jamais loin de l’élégance de salon, soufflant le chaud et le froid sur les auditeurs, les maintenant sur le qui-vive là où d’autres se contenteraient de leur dérouler un tapis musical.


Sous une direction moins intelligente, cela pourrait devenir une caricature, offrir matière à la démonstration; cela agit ici comme un révélateur, recréant l’expérience de la découverte dans ces pages ultra connues. Probablement à l’instar du public londonien du XVIIIe siècle, on sursaute lors du coup de timbale, puis on se fait prendre au piège de la fausse conclusion. Voilà qui n’est pas commun pour une audience viennoise expérimentée, et parfois blasée.


Paavo Järvi fait preuve d’une maîtrise absolue, aussi bien capable de contrôler, d’une simple inflexion du sourcil, la dynamique de chaque pupitre que de laisser jouer l’orchestre en toute liberté, sachant reprendre la main en une fraction de seconde, dès qu’il le juge nécessaire. Les proportions de cet ensemble en font un outil idéal d’expérimentation, capable de passer instantanément d’un forte explosif vers un pianissimo de quelques millimètres de crins d’archet, forçant le public à l’immobilité pour mieux tendre l’oreille et capter les infinitésimales vibrations musicales.


Pour un ensemble dirigé depuis plus de quinze ans par le même chef, il est fascinant de constater à quel point la fraîcheur originelle de ce groupe de musiciens est restée intacte, continuant de jouer avec l’enthousiasme et la mobilisation d’un orchestre de jeunes – la connivence, et l’expérience de surcroît.


Le site de la Philharmonie de chambre allemande de Brême



Dimitri Finker

 

 

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