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La musique polonaise dans tous ses états

Paris
Maison de la radio et de la musique
10/15/2021 -  
Krzysztof Penderecki : Tren. Ofiarom Hiroszimy
Karol Szymanowski : Stabat mater, opus 53
Witold Lutoslawski : Concerto pour orchestre

Simona Saturová (soprano), Katharina Magiera (contralto), Adam Plachetka (baryton-basse)
Chœur de Radio France, Edward Caswell (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Krzysztof Urbanski (direction)


K. Urbanski (© Marco Borggreve)


Paris connaît le brillant Krzysztof Urbanski, chef aujourd’hui de l’Elbphiharmonie de Hambourg. Une impressionnante technique de direction, avec un corps très souple et quelques effets de manche, que flattent beaucoup les pièces où l’orchestre rutile. Rien d’étonnant si le Concerto pour orchestre de Lutoslawski, qualifié par lui-même de «néobaroque», déploie ici toute sa virtuosité, le Polonais aiguillonnant les pupitres du Philhar’. Une lecture spectaculaire, déniant visiblement à l’œuvre toute dimension expressive ou narrative, perspective à la fois recevable et discutable, où la gestion du temps laisse un peu à désirer: la musique n’avance pas, notamment au début de la Toccata – mais le début du Choral, subtilement coloré, est très réussi.


On pourrait faire le même reproche à la première pièce du programme, le Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima de Penderecki, qui, après Emanations et avant Polymorphia, bouleverse en 1960 l’écriture des cordes: les archets du Philhar’ s’y montrent remarquables dans les multiples effets sonores, volontiers percussifs, obtenus par l’archet ou le chevalet, les quarts ou trois-quarts de ton, le vibrato lent ou le trémolo rapide... mais la vision de cauchemar, où les cinquante-deux cordes poussent cris et gémissements, devient étude pour orchestre.


Le Stabat mater de Szymanowski renoue, en 1926, avec l’archaïsme de la musique religieuse polonaise, bannissant le latin «sclérosé» au profit d’une traduction plus réaliste qui rend le texte à sa vraie vie – cela le relie vaguement à l’inspiration folklorique, souvent occultée, du Concerto de Lutoslawski. C’est un autre Urbanski qu’on entend maintenant, rien moins que démonstratif, concentré et fervent, presque humblement dévoué à une partition qui réfute la théâtralité de la musique sacrée du siècle précédent, jusque dans les parties les plus puissantes et les plus torturées que sont la deuxième et la cinquième, où Adam Plachetka, souvent couvert par l’orchestre, paraît malheureusement peu concerné par ce qu’il chante. Le chef se hisse au recueillement contemplatif pour le a cappella de la troisième partie ou l’ouverture sur le paradis de la dernière. Y aurait-il du Janus chez Krzysztof Urbanski? Remarquable est le Chœur de Radio France préparé par Edward Caswell. Simona Saturová s’efforce, sans toujours y parvenir vraiment, d’épouser les ondulations délicates de la partie de soprano, littéralement suspendue, mais doit s’incliner devant le superbe mezzo de Katharina Magiera, aux graves chauds et profonds.



Didier van Moere

 

 

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