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Il jouait du piano debout

Geneva
Victoria Hall
10/18/2021 -  
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 4 en sol mineur, opus 40
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Daniil Trifonov (piano)
Orchestre du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev (direction)


(© Natasha Razina/State Academic Mariinsky Theatre)


Accompagné par Valery Gergiev et l’Orchestre du Théâtre Mariinsky, Daniil Trifonov a fait sensation à Genève dans le Quatrième Concerto de Rachmaninov. Le pianiste russe est un spectacle à lui tout seul : il faut le voir se soulever de son tabouret en de petits mouvements saccadés jusqu’à rester debout une fraction de seconde, se prostrer pour se rapprocher le plus possible du piano ou au contraire se tenir droit, le dos en arrière et les mains effleurant à peine l’instrument, le regard halluciné. L’interprète est comme totalement happé par la musique. Musicalement, la prestation est tout aussi époustouflante : le piano de Trifonov est virtuose, aérien mais aussi puissant et survolté, toujours en mouvement, toujours dans l’excès. La vision de l’interprète semble particulièrement sombre et noire, étouffante parfois. La lumière viendra des bis : d’abord des variations sur le célèbre Jésus que ma joie demeure de Jean-Sébastien Bach, puis du Rondo de la Sonate H. 283 de Carl Philipp Emanuel Bach.


L’Orchestre du Théâtre Mariinsky fait incontestablement partie des meilleures formations européennes. Le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy, qui a ouvert la soirée, a mis en valeur la pâte sonore éblouissante de la phalange, qui dispose en ses rangs d’une magnifique flûtiste au son rond et chaud. On ne peut que regretter les tempi excessivement alanguis choisis par Valery Gergiev. Extase sonore aussi pour la Symphonie fantastique de Berlioz, que le chef a abordée à la hussarde serait-on tenté de dire, d’une façon martiale et parfois un peu brutale, pour en faire ressortir le côté tragique. Mais quel son, quelles cordes soyeuses ! Dans la salle, l’ambiance était électrique. Retour au calme et à la finesse avec la Pavane pour une infante défunte de Ravel donnée en bis. Le concert s’est terminé sous les ovations d’un public ravi.



Claudio Poloni

 

 

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