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Toujours aussi véloce Lyon Auditorium Maurice-Ravel 10/14/2021 - Igor Stravinsky : Danses concertantes
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 19 en fa majeur, K. 459
Francis Poulenc : Sinfonietta Orchestre national de Lyon, Christian Zacharias (piano et direction)
C. Zacharias (© Constanze Zacharias)
Faut-il encore présenter Christian Zacharias, pianiste internationalement renommé dès ses premières tournées dans les années 1970? Depuis 1992, il poursuit également une carrière de chef d’orchestre, sans jamais abandonner le clavier: le programme proposé à Lyon en témoigne, avec l’un des plus beaux concertos de Mozart, tout en mettant pertinemment en résonance des pièces néoclassiques plus méconnues de Poulenc et Stravinsky, toutes d’esprit et d’élégance.
Le concert débute avec les Danses concertantes de Stravinsky, une œuvre de commande composée en 1942, que George Balanchine popularisa deux ans plus tard en lui adjoignant une chorégraphie. On comprend pourquoi, tant Christian Zacharias se délecte de cette musique fluide et accessible, avec un art des transitions qui le rapproche d’un autre génial orchestrateur contemporain, Benjamin Britten. Cette proximité est audible dès la fanfare initiale par l’usage aussi varié que virtuose des sonorités chambristes, avec quelques emprunts au jazz. Les envolées lyriques, mâtinées d’une myriade de couleurs aux vents notamment, la rapprochent des ballets de Copland, même si l’ouvrage sait aussi gagner en modernité dans la raréfaction du tissu orchestral en deuxième partie.
La baguette de l’ancien élève de Vlado Perlemuter privilégie la clarté des plans sonores, en une patte féline qui avance avec un bel allant: la parfaite mise en place permet de respecter chaque silence, au service d’un classicisme assumé. On aurait toutefois aimé que le chef fasse davantage ressortir quelques détails, notamment les éléments volontairement grotesques inclus par Stravinsky. Quoi qu’il en soit, on se délecte tout du long des belles sonorités de l’Orchestre national de Lyon, orfèvre en la matière, qui a sans doute bénéficié de sa proximité avec la musique de Ravel (voir l’intégrale de la musique symphonique du compositeur français gravée par Leonard Slatkin pour Naxos).
En seconde partie de concert, on retrouve ce geste aérien au service de la superbe Sinfonietta (1947) de Poulenc, dont le lyrisme d’ensemble étonnamment joyeux (le compositeur a eu de fréquentes périodes dépressives) est parfaitement contrebalancé par la direction sobre de Zacharias, évitant tout pathos. L’ivresse mélodique prend un relief sautillant et fantasque dans le Molto vivace, avant de gagner en profondeur dans le très bel Andante, à la narration dominée par les cordes. On retrouve un thème guilleret et entraînant dans le Finale de ce petit bijou de finesse, qui mériterait une place plus fréquente au concert. Que le maestro Zacharias en soit remercié, là où Nikolaj Szeps-Znaider, directeur musical de l’orchestre, fait malheureusement preuve d’une curiosité moindre dans les programmes qu’il dirige ici – du moins pour l’instant.
Très attendu par l’assistance, le Dix-neuvième Concerto pour piano de Mozart nous permet d’apprécier le toucher intact de Zacharias, aux tempi toujours aussi rapidissimes. On aimerait sans doute davantage de respiration et de surprises, mais ce brio éloquent impressionne par sa probité et sa pureté de ligne. L’allégement des textures est perceptible à l’orchestre, donnant à entendre de superbes détails, notamment dans l’introduction du mouvement lent, admirablement étagé au niveau des pupitres de cordes. On affirme souvent que les tempi s’assagissent avec le poids des années: du haut de ses 71 ans, Christian Zacharias n’en a cure et poursuit son chemin sans sourciller, pour le plus grand bonheur de ses fans – manifestement nombreux à Lyon.
Le site de Christian Zacharias
Florent Coudeyrat
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