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Un concert presque normal

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
10/03/2021 -  
Maurice Ravel: Le Tombeau de Couperin
Felix Mendelssohn: Concerto pour violon en ré mineur
Ludwig van Beethoven: Symphonie n° 6 «Pastorale», opus 68

Patricia Kopatchinskaja (violon)
Belgian National Orchestra, Aziz Shokhakimov (direction)


P. Kopatchinskaja (© Julia Wesely)


Pour ce concert dominical, l’Orchestre national de Belgique a invité le tout nouveau directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov, né en 1988 à Tachkent. Claire et transparente, l’exécution du Tombeau de Couperin (1919) de Ravel n’accuse aucun reproche majeur, à l’exception d’une articulation par moments trop sèche. Le chef imprime l’impulsion adéquate et traduit le ton juste de cette composition dont il restitue fidèlement l’esprit, sans toutefois atteindre une limpidité et une souplesse idéales. Les bois, en revanche, se montrent volubiles et nets, tandis les cordes affichent leur bonne forme habituelle. Le lien entre cette pièce et le reste du programme paraît des plus ténus. Une ouverture de Wagner ou de Weber, par exemple, aurait conféré à celui-ci davantage de cohérence.


Patricia Kopatchinskaja ne fait décidément pas comme les autres. Non seulement elle préfère jouer pieds nus, probablement pour mieux ressentir les vibrations de la salle, mais elle opte pour le Concerto pour violon en ré mineur (1822) de Mendelssohn au lieu de celui, autrement plus illustre, en mi mineur, ce qui explique la présence des seules cordes sur scène. La violoniste arbore une technique sûre et joue dans un véritable esprit de communion avec l’orchestre, mais elle délivre une interprétation trop surchargée d’intentions pour une œuvre qui n’en demande pas tant. Nous aurions préféré plus de simplicité et d’élégance, moins d’ostentation, aussi, un jeu moins appuyé, en particulier dans la cadence, trop libre et théâtrale. L’orchestre assure un accompagnement robuste et énergique, en phase avec la conception de la soliste qui remercie le public avec un bis original, Balada si joc de Ligeti, partagé avec le konzertmeister, Alexei Moshkov. Les admirateurs de Patricia Kopatchinskaja pourront la retrouver sur cette scène le 27 octobre avec Sol Gabetta, dans un programme de récital assez touffu, comprenant notamment du Leclair, du Bach et du Scarlatti, mais aussi du Widmann et du Xenakis, en plus de deux pièces incontournables pour cette formation, les splendides Sonate pour violon et violoncelle de Ravel et le Duo de Kodály.


Aziz Shokhakimov délivre ensuite une Symphonie «Pastorale» (1808) cohérente et rigoureuse, mais quelque peu impersonnelle, en tout cas sans accélération ni ralentissement incongru. Le chef veille à l’élan vital et aux nuances dynamiques sans rendre cette exécution trop lisse et placide. Il obtient un jeu collectif honorable, toujours expressif, suffisamment raffiné et précis, le dialogue entre les bois se révélant sur ce point particulièrement accompli. Cette interprétation aux contrastes équilibrés et au lyrisme évocateur s’anime d’une vie intérieure et s’enrichit de sonorités évocatrices. Chef et orchestre cultivent ainsi la grande tradition, mais il manque à ce concert tranquille, sans véritable enjeu, une dimension supplémentaire pour le rendre mémorable et totalement convaincre de l’envergure de ce chef trentenaire. Quant aux conditions, elles s’approchent de la normale, le passe sanitaire étant requis pour les spectateurs autorisés à laisser tomber le masque une fois assis dans la salle, sans limitation de jauge et de distanciation, alors que les musiciens gardent prudemment le leur, du moins, bien sûr, ceux qui ne jouent pas d’un instrument à vent.


Le site de Patricia Kopatchinskaja
Le site du Belgian National Orchestra



Sébastien Foucart

 

 

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