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Dans la nuit poitevine

Poitiers
Sanxay (Théâtre gallo-romain)
08/10/2021 -  et 12, 14 août 2021
Georges Bizet : Carmen
Ketevan Kemoklidze (Carmen), Azer Zada (Don José), Florian Sempey (Escamillo), Adriana González (Micaëla), Nika Guliashvili (Zuniga), Yoann Dubruque (Moralès), Ahlima Mhamdi (Mercédès), Charlotte Bonnet (Frasquita), Olivier Grand (Le Dancaïre), Alfred Bironien (Le Remendado), Dominik Maury-Vaucelle (La Manuelita), Christophe Blugeon (Lillas Pastia), Ballet des Soirées lyriques de Sanxay
Chœur des Soirées lyriques de Sanxay, Stefano Visconti (chef de chœur), Chœur d’enfants, Christophe Blugeon (chef de chœur), Orchestre des Soirées lyriques de Sanxay, Roberto Rizzi-Brignoli (direction musicale)
Jean-Christophe Mast (mise en scène), Jérôme Bourdin (scénographie, costumes), Pascal Noël (création lumières), Carlos Ruiz (chorégraphie)


A. González (© Cyril Cosson)


En cette soirée de générale, c’est non sans émotion que Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux (CMN) et des Soirées lyriques de Sanxay, prend la parole devant les représentants des collectivités publiques, les mécènes privés et le public invité pour évoquer 2020, terrible «année blanche» pour le festival, les bénévoles et les spectateurs, privés de Barbier de Séville, et, surtout, se réjouir de 2021, avec le retour d’un ouvrage on ne peut plus fédérateur, Carmen (1875).


Géré par le CMN, le site gallo-romain poitevin est unique en son genre: un complexe thermal, un sanctuaire et un théâtre, où plus de 2000 chaises sont désormais installées, auxquelles s’ajoutent 300 places dans le «promenoir» en surplomb. Fondateur de la manifestation, qui en est désormais à sa vingt-et-unième édition, Christophe Blugeon en demeure le directeur artistique mais également le responsable du chœur d’enfants tout en incarnant sur scène Lillas Pastia.


Avec des points de restauration ouverts avant le spectacle et durant l’entracte, les Soirées lyriques se déroulent dans une ambiance qu’on ne retrouve sans doute pas ailleurs dans le pays et continuent d’entretenir de façon réconfortante l’idée que l’opéra est aussi un genre populaire, sans consentir pour autant à la moindre concession artistique. La nuit tombée, il fait frais mais la pluie, si souvent importune cet été, épargne la représentation, et de toute façon, chacun sait bien ici qu’il faut s’équiper en conséquence – plaids, couvertures ou vêtements chauds.


Le dispositif scénique se révèle à la fois simple et efficace: un gigantesque arc mauresque, qui tient lieu d’entrée tour à tour de la manufacture de tabacs ou de l’arène, un double escalier de part et d’autre, et au centre un plateau circulaire incliné et tournant. Egalement conçus par Jérôme Bourdin, les costumes se veulent fidèles au lieu et à l’époque évoqués par le livret: militaires, cigarières, contrebandiers, toreros et autres picadors sont donc immédiatement identifiables. Pendant la seconde partie du Prélude, deux danseurs incarnant Carmen et Don José résument l’action en quelques gestes forts mais davantage que le procédé un peu usé du flashback, le metteur en scène Jean-Christophe Mast illustre simplement ce qu’exprime ici la musique. Il parvient ensuite à occuper l’espace en conférant une animation convaincante aux masses chorales et à diriger finement les épisodes plus intimistes. Dans des chorégraphies de Carlos Ruiz, six danseurs ajoutent du flamenco à la couleur locale, intermèdes visiblement très appréciés, mais à dose toutefois un peu forte quand les claquements de talons couvrent l’orchestre ou les chanteurs.


Exigeant pour la projection des voix, cruel pour les cordes au bénéfice des vents, le plein air constitue toujours un défi. Mais il vaut d’être relevé sans les artifices de la sonorisation même si le confort acoustique ne sera évidemment jamais celui d’une salle. Confiée à un briscard tel que Roberto Rizzi-Brignoli, la direction musicale est en de solides mains et il obtient de l’orchestre du festival des nuances dont on aurait certainement pu profiter davantage à l’intérieur. Avec Stefano Visconti, le chœur n’est pas moins bien préparé et tire remarquablement son épingle du jeu.


Le tempérament dramatique de Ketevan Kemoklidze ne peut être contesté, mais la mezzo géorgienne déçoit par une voix un peu frêle et, surtout, par un phrasé trop affecté, chargeant d’intentions la moindre note. Azer Zada ne paraît pas plus à son avantage en Don José, le lyrisme réussissant mieux que la vaillance au ténor azéri. Mais le reste de la distribution se montre autrement plus satisfaisant, à commencer par la Micaëla de la soprano guatémaltèque Adriana González, d’une musicalité exemplaire, et l’Escamillo bien chantant de Florian Sempey. Les seconds rôles ne sont en rien négligés, bien au contraire: les Bohémiennes Charlotte Bonnet et Ahlima Mhamdi possèdent bien des séductions, notamment vocales, tandis que les contrebandiers, Alfred Bironien et Olivier Grand, ont un style parfait – voilà de quoi faire un splendide quintette «Nous avons en tête une affaire» au deuxième acte! On n’oubliera pas Nika Guliashvili et Yoann Dubruque, qui donnent vie au capitaine et au brigadier.


Le site des Soirées lyriques de Sanxay
Le site de Florian Sempey
Le site d’Adriana González
Le site d’Ahlima Mhamdi



Simon Corley

 

 

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