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Saint-Céré

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Jumeaux inséparables

Saint-Céré
Halle des sports
07/30/2021 -  et 2, 5*, 7 août 2021
Pietro Mascagni : Cavalleria rusticana
Ruggero Leoncavallo : Pagliacci

Chrystelle Di Marco (Santuzza), Solen Mainguené (Nedda), Ania Wozniak (Lola), Ragaa Eldin/Denys Pivnitskyi* (Turiddu, Canio), Jean Miannay (Beppe), Dongyong Noh (Alfio, Tonio), Gosha Kowalinska (Lucia), Jiwon Song (Silvio)
Chœur et Orchestre Opéra Eclaté, Gaspard Brécourt (direction musicale)
Eric Perez (mise en scène), David Belugou (scénographie, costumes), Joël Fabing (lumières)


D. Pivnitskyi, S. Mainguené (© Studio Delestrade/Cédric Michael)


Cet été, le temps n’est vraiment pas de la partie, à telle enseigne que c’est la première fois depuis la fondation du Festival de Saint-Céré, voici exactement quarante ans, qu’aucune représentation de la production lyrique destinée au château de Castelnau-Bretenoux ne pourra y être donnée. Adieu joies du plein air, de la collation au pied de la muraille au soleil couchant et de la musique qui résonne dans la cour une fois la nuit tombée!


Assurément, le cadre de la Halle des sports, non loin du centre-ville, est bien plus prosaïque. On y festoie néanmoins dans une bonne ambiance avant le spectacle et la magie du festival opère dès que le rideau se lève – l’expression est certes figurée, car il n’y a (bien sûr) pas de rideau, mais particulièrement idoine au regard de la mise en scène d’Eric Perez, qui, avec sa virtuosité coutumière, axe la réflexion sur la frontière entre la scène, l’avant-scène et la salle, entre le théâtre et la «vraie» vie.


Les inséparables jumeaux Cavalleria rusticana (1890) et Paillasse (1892), alias «Cav Pag», se prêtent d’autant plus à ces ambiguïtés que le parti pris est ici d’en faire un tout: le Prologue de «Pag» introduit l’action de «Cav», laquelle devient une pièce jouée par la troupe de «Pag», qui, après l’entracte, salue puis dédicace les programmes des «faux» spectateurs. Viennent alors les deux actes de «Pag», où l’on retrouve Canio et Tonio, qui avaient joué – et même délibérément surjoué – en première partie les rôles respectifs de Turiddu et d’Alfio. De même, Santuzza et Nedda apparaissent chacune dans l’œuvre où elles ne chantent pas. Bref, une imbrication très aboutie entre les deux opéras au travers d’une déclinaison vertigineuse du théâtre dans le théâtre faite d’une succession de mises en abyme. Nul besoin, dès lors, pour David Belugou de déplacer l’action, par ses décors et costumes, ailleurs que dans un théâtre de tréteaux ambulant ou dans une époque autre que cette fin de XIXe du vérisme italien.


Comme toujours à Saint-Céré, l’orchestre, placé de plain-pied à jardin, est réduit, même si plus fourni que d’habitude – mention spéciale au percussionniste, qui se dévoue pour l’orgue ou bien frappe les timbales tout en martelant les cloches tubulaires. Gaspard Brécourt dirige cette musique avec toute la générosité et la subtilité requises, mettant en valeur le chœur, dont les interventions sont si importantes, et les solistes, que bien des maisons d’opéra pourraient envier et dont les trois quarts sont lauréats de l’édition 2019 du Concours international de chant de Clermont-Ferrand. Impossible, par exemple, de départager le timbre chaud et la puissance de Chrystelle Di Marco en Santuzza du tempérament ardent et de l’art des nuances de Solen Mainguené en Nedda, toutes deux parfaitement distribuées. Denys Pivnitskyi est phénoménal d’aisance vocale et d’implication dans ses différents rôles (Canio jouant Turiddu puis Pierrot) mais les amateurs de phrasé velouté auront également été servis avec Jiwon Song, très élégant Silvio dont le duo avec Nedda constitue l’un des temps forts de la soirée. Les couleurs de Dongyong Noh sont moins séduisantes, mais il n’en incarne pas moins impeccablement ses deux «personnages» d’Alfio puis de Tonio, tandis que Jean Miannay s’impose sans peine en Beppe fort agile, Gosha Kowalinska campe une Lucia pleine d’autorité et Ania Wozniak ne manque pas de grâce en Lola.


Une production digne des meilleurs millésimes saint-céréens, aussi bien musicalement que dramatiquement.


Le site de Gaspard Brécourt
Le site de Chrystelle Di Marco
Le site de Solen Mainguené
Le site de Gosha Kowalinska



Simon Corley

 

 

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