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Heurs et malheurs d’un festival

Verbier
Salle des Combins
07/20/2021 -  
Richard Wagner : Tannhäuser: «Dich teure Halle»
Jules Massenet : Le Cid: «O souverain»
Umberto Giordano : Andrea Chenier:«Nemico della patria»
Piotr Ilytich Tchaïkovski : La Dame de pique, opus 68: «Ah, le chagrin m’a épuisée»
Francesco Cilea : L’Arlesiana: «E’ la solista storia »
Giuseppe Verdi : La traviata: «Madamigella Valery» – La forza del destino: «Invano Alvaro»
Giacomo Puccini : Tosca: «E lucevan le stelle» – Madama Butterfly: «Un bel di vedremo»
Gaetano Donizetti : L’elisir d’amore: «Udite oh rustici»

Maria Bayankina (soprano), Marcelo Alvarez (ténor), Ambrogio Maestri (baryton)
James Baillieu (piano)


(© Lucien Grandjean)


C’est la hantise de tous les organisateurs de festival cet été : qu’un foyer de contamination se déclare parmi les artistes invités, le personnel administratif ou technique ou encore le public. C’est justement ce qui vient d’arriver à Verbier, où des musiciens de l’Orchestre du Festival ont été testés positifs au coronavirus. La nouvelle ne surprend qu’à moitié, quand on sait que les instrumentistes sont très jeunes et viennent du monde entier. Quoi qu’il en soit, une quarantaine a été mise en place. Exit donc l’Orchestre, qui est le pilier de la programmation de la célèbre station suisse. Martin Engström, directeur de la manifestation, et toute son équipe ont travaillé d’arrache-pied et fait preuve d’une remarquable réactivité pour adapter pratiquement au jour le jour l'affiche des deux semaines de festivités. L’Orchestre de chambre du Festival a été particulièrement sollicité pour combler le forfait de son confrère symphonique. Mais malheureusement, les deux opéras de l’édition 2021 (La fanciulla del West et Tristan et Isolde) font les frais de la situation sanitaire et passent à la trappe. Si l’ouvrage de Puccini a été remplacé par un récital d’airs d’opéra, c’est une soirée de musique de chambre qui va se substituer au chef-d’œuvre de Wagner.


Les récitals d’airs d’opéra ont ceci de frustrant qu’ils sont, par définition, extrêmement hétéroclites avec leur enchaînement quasi ininterrompu d’extraits d’ouvrages très différents, ne permettant pas aux interprètes de se glisser dans la peau des personnages. Et il faut bien le dire aussi, l’exercice s’apparente fréquemment à un concours de décibels, les artistes n’hésitant pas à privilégier le fortissimo pour s’attirer les faveurs du public. Sur ce point, la soirée présentée à Verbier n’a pas dérogé à la règle, au point que le pauvre pianiste – James Baillieu, accompagnateur pourtant attentif et sensible – a eu toutes les peines du monde à se faire entendre, tant les gosiers qui l’entouraient étaient déchaînés ! Un motif de réjouissance tout de même : par deux fois, les chanteurs ont eu l’excellente idée de proposer des scènes entières, et non pas simplement des airs, ce qui a permis de mieux apprécier leur adéquation au rôle.


Ambrogio Maestri, qu’on ne présente plus puisqu’il est aujourd’hui le représentant le plus éminent des barytons italiens, s’est cantonné dans son répertoire de prédilection où il excelle par son autorité et son expressivité, comme dans Andrea Chenier, et par son sens de la comédie, comme dans L’Elixir d’Amour. Marcelo Alvarez, qu’on n’avait plus entendu depuis longtemps, est apparu en grande forme vocale et a séduit par son chant passionné et généreux. Bien moins connue que ses partenaires, la soprano russe Maria Bayankina a fait forte impression avec sa projection insolente, l’ampleur de sa voix et son timbre cristallin. Dommage qu’elle ait décidé d’entrer en scène avec Wagner car son allemand était totalement incompréhensible. Néanmoins, son nom mérite d’être retenu. Pour clore la soirée, les trois chanteurs ont entonné ensemble le célèbre «Libiamo» de La Traviata, accompagnés par les élèves de l’Académie lyrique du Festival. Pour le plus grand bonheur d’un public malheureusement très clairsemé. La faute aux mesures sanitaires imposant une place vide entre chaque spectateur ou à la peur de retourner dans une salle de spectacle ? On ne saurait trop le dire. Décidément, l’été risque d’être compliqué pour les festivals.



Claudio Poloni

 

 

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