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Aix entre Mäkelä et Mälkki Aix-en-Provence Grand Théâtre de Provence 07/14/2021 - Jean Sibelius : Aallottaret, opus 73 – Symphonie n° 7, opus 105
Kaija Saariaho : Cinq reflets de «L’Amour de loin» (*)
Igor Stravinsky : Concerto pour violon Beate Mordal (soprano), Stéphane Degout (baryton), Patricia Kopatchinskaja (violon),
London Symphony Orchestra, Susanna Mälkki, Clément Mao-Takacs (*) (direction)
S. Mälkki (© Vincent Beaume)
Au Festival d’Aix-en-Provence, les concerts symphoniques se suivent. Après celui de l’Orchestre de Paris sous la direction du chef finlandais Klaus Mäkelä (voir ici), voici celui de l’Orchestre symphonique de Londres, sous la direction d’un autre chef finlandais – une femme cette fois-ci: Susanna Mälkki.
On ne peut pas ne pas faire la comparaison. Et là, pas d’hésitation: l’avantage revient à l’Orchestre de Paris – et cela grâce au chef. Avec Mäkelä, on était dans une direction d’exception. Avec Mälkki, on est certes dans une direction de qualité, mais sans panache ni personnalité. Il n’y a plus ces recherches dans les contrastes et les nuances, ni ce soin dans les entrées et les enchaînements des divers instruments qu’on avait avec Mäkelä. On eut droit à une interprétation peu passionnante du poème symphonique Les Océanides de Sibelius et à une version bien en place de la Septième Symphonie du même Sibelius. Quelques belles atmosphères se dégagèrent toutefois de la symphonie.
Dans le Concerto pour violon de Stravinsky, Susanna Mälkki couvrit à plusieurs reprises la soliste. Or, la soliste en question, Patricia Kopatchinskaja, méritait vraiment d’être entendue! Quelle flamboyante personnalité que cette violoniste moldave, entrant en scène d’un pas décidé en tenant son violon à bout de bras au-dessus de la tête! On ne peut souhaiter plus vivante interprétation que celle qu’elle donna de ce concerto.
Une autre artiste finlandaise était à l’honneur ce soir-là – une compositrice, Kaija Saariaho. On entendit ses Reflets de «L’Amour de loin». L’œuvre, inspirée d’un texte de l’époque des troubadours, raconte les amours impossibles entre deux êtres originaires des deux côtés de la Méditerranée. Kailja Saariaho est la «compositrice de l’année» au festival. La création mondiale de son opéra Innocence» a été unanimement appréciée (voir ici). Cette œuvre-ci a également soulevé l’enthousiasme, avec ses miroitements orchestraux, ses reflets changeants , ses évolutions d’atmosphère, ses couleurs instrumentales habilement choisies sur la palette des cordes, des bois, des cuivres ou des percussions. La voix y est bien traitée, collant étroitement au texte français, avec parfois des références aux modes musicaux anciens.
L’orchestre était ici dirigé par un autre chef, le fort efficace Clément Mao-Takacs. Les deux solistes vocaux se sont présentés de manière contrastée: la soprano en robe du soir, le baryton... pieds nus, en tenue vacancière! Vocalement, c’est ce dernier, Stéphane Degout, qui domina les débats: voix bien timbrée, clairement projetée, belle assurance dans l’expression. La soprano danoise Beate Mordal, chantant tout en finesse, compensa son peu de volume par la délicatesse de son expression. Tout cela fut à l’honneur de la compositrice finlandaise. Une chose est certaine: Kaija Saariaho aura passé un bel été à Aix!
André Peyrègne
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