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On a chanté Tosca à la Bastille !

Paris
Opéra National de Paris Bastille
01/11/2002 -  14, 17*, 20, 22, 25, 28, 31 janvier, 2, 8 février
Giacomo Puccini : Tosca
Nelly Miricioiu (Tosca), Fabio Armiliato (Mario), Lado Ataneli (Scarpia), Wojtek Smilek (Angelotti), Alfredo Mariotti (Sacristain), Christian Jean (Spoletta)
Werner Schroeter (mise en scène), Alberte Barsacq (décors et costumes), André Diot (lumières)
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris, Maurizio Benini (direction)

Fallait-il que soit fort le désir d'entendre une artiste trop rare à Paris pour affronter une nouvelle fois la production pitoyable de Werner Schroeter ! Certes, on pouvait définitivement fermer les yeux, tant dans son costume mal seyant, livrée sans guide à une démarche et une gestuelle qui n'est pas naturellement des plus magnétiques, en dépit d'excellentes intentions et, parfois, attitudes, Nelly Miricioiu n'a en scène rien d'une Sarah ou d'une Duse. Mais côté chant, pardon ! Après les vociférations successives de Mesdames Vaness, Kalinina, Gorchakova, Guleghina et même Valayre, l'outrage des ans sur un aigu souvent trop bas (dans Vissi d'Arte, hélas) et le sentiment de perplexité face à ce timbre serré dont les registres disparates retrouvent tel un caméléon quelques sonorités de qui vous savez pèsent peu face à l'authentique, l'exceptionnelle leçon de musique. Du bel canto romantique qu'elle sert comme peu d'autres, Miricioiou imprègne le rôle puccinien dont l'écriture peut le plus légitimement se réclamer. Enfin une ligne souple et ductile, des nuances (piani bouleversants à la fin du même Vissi d'Arte), où les mots, d'un relief singulier, viennent vivre et palpiter au travers de la phrase, en enrichir chaque articulation. Un choix heureux a donné comme partenaire à cette Tosca d'exception un Mario à la musicalité et à la diction presque aussi soignées, et doté d'un timbre glorieux ; inutile de dire que leur duo du troisième acte est un enchantement. Affirmant de saisissants progrès vocaux depuis ses dernières apparitions sur cette même scène (encore un tout petit peu d'assise à trouver dans le grave), Fabio Armiliato pourrait vite devenir l'unique alternative audible à Galouzine dans le répertoire de ténor spinto, Cura paraissant avoir irrémédiablement massacré ses étonnants moyens. Le Scarpia de Lado Ataneli ne suscite pas un tel enthousiasme, mais la voix est solide et les manières musicales honnêtes si le personnage reste assez neutre. Equipe de comprimarii moyenne, le prestigieux vétéran Mariotti étant réduit à déclamer le rôle du Sacristain. De l'orchestre cependant nous vient un autre bonheur, tant les instrumentistes savent leur Tosca sur le bout des lèvres et des doigts, tant surtout Maurizio Benini, outre une discipline parfaite et une balance idéale entre fosse et plateau, fait avec goût ressortir la beauté des phrases dans des tempos assez lents sans jamais perdre de vue le drame, et dialogue avec ses chanteurs, les suivant, les stimulant avec une souplesse dont tous les chefs dans cette fosse ne sont pas coutumiers. L'une des bonnes surprises du répertoire ? Permettre d'entendre, au tournant d'une reprise médiatiquement peu exposée, la meilleure Tosca jamais donnée à la Bastille…


Vincent Agrech

 

 

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