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L’orchestre, premier personnage

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
07/02/2021 -  et 5, 8, 11, 15 juillet 2021
Richard Wagner : Tristan und Isolde
Stuart Skelton (Tristan), Nina Stemme (Isolde), Jamie Barton (Brangäne), Josef Wagner (Kurwenal), Franz-Josef Selig (König Marke), Dominic Sedgwick (Melot)
London Symphony Orchestra, Simon Rattle (direction)
Simon Stone (mise en scène)


C’est l’une des plus belles broncas qui a accueilli le metteur en scène Simon Stone, au point que le théâtre baisse précipitamment et définitivement le rideau, mais elle est largement méritée tant il s’est acharné à détruire l’œuvre au lieu de la servir. Le contraste, et la déception, étaient d’autant plus grands que les chanteurs et l’orchestre furent remarquables. Nous n’avons rien contre les transpositions en soi, elles sont parfois passionnantes et révélatrices, mais ce que fait le metteur en scène australien mêle à part égale la bêtise et le sacrilège, ce qui relève presque de l’exploit. L’acte I se passe dans un appartement bourgeois, sans que l’on en comprenne la raison, les marins sortent des toilettes, c’est presque amusant. Le II se passe dans des bureaux d’entreprise, Tristan et Isolde attendent le départ des salariés pour faire leur duo d’amour, et le III se situe dans... une rame de métro, où Tristan fait son monologue dans l’indifférence complète des passagers, comme un vieux clochard aviné qui beugle n’importe quoi (et il ressuscite à la fin !). Tristan et Isolde comme variation sur le métro-boulot-dodo, il fallait y penser, mais surtout pas en faire une mise en scène. Dommage pour les spectateurs, à juste titre ulcérés.


Un gâchis d’autant plus regrettable que la distribution réunit parmi les meilleurs incarnations du couple sur le circuit international, avec Stuart Skelton et Nina Stemme. On apprécie également les excellents Jamie Barton en Brangäne, Franz-Josef Selig en Roi Marke et Josef Wagner en Kurwenal. Mais ils se font voler la vedette par Simon Rattle et son London Symphony Orchestra qui, dans l’excellente acoustique du Grand Théâtre de Provence, font de l’orchestre un personnage à part entière. Souple et félin, jamais bruyant, excellent dans tous les pupitres, il souligne ou suggère le drame à tout instant. Avec un tempo souple et globalement allant, Rattle le conduit de main de maître. On ne manquera pas la retransmission en direct sur France Musique le 8 juillet, tout ce qu’il y a à voir est dans le son.



Philippe Herlin

 

 

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