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Dans la vie, faut pas s’en faire Lausanne Opéra 06/06/2021 - et 9*, 10, 11, 12 (Lausanne), 13 (Gland), 15 (Cossonay), 18, 19, 20, 24 (Prilly), 25, 26, 27 (Renens) juin, 1er (Russin), 3 (Orbe) 6 (Cully), 7 (Bex), 8 (Ecublens), 9 (Aubonne), 11 (Martigny) juillet 2021 Henri Christiné : Dédé Joël Terrin (André de la Huchette), Maxence Billiemaz (Robert Dauvergne), Richard Lahady (Maître Leroydet), Laurène Paternò (Denise), Béatrice Nani (Odette), Félix Le Gloahec (Chausson), Pier-Yves Têtu (Commissaire, Reporter), Lysa Menu (Loulou), Clémentine Bouteille (Lucette), Mathilde Opinel (Jacqueline, Un gréviste), Yuki Tsurusaki (Dolly, Un gréviste), Ludmila Schwartzwalder (Marise, Un gréviste)
Ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne, Jean-Philippe Clerc (direction musicale)
Jean-Philippe Guilois (mise en scène et chorégraphie), Sébastien Guenot (décors), Amélie Reymond (costumes)
(© Jean-Guy Python)
«Dans la vie, faut pas s’en faire. Moi je ne m’en fais pas. Ces petites misères seront passagères, tout ça s’arrangera.» Le célèbre couplet immortalisé par Maurice Chevalier est aujourd’hui encore sur toutes les lèvres, ou presque. Mais beaucoup moins nombreux sont ceux qui savent qu’il est tiré de Dédé, une opérette en trois actes du compositeur Henri Christiné sur un livret d’Albert Willemetz, étrennée en novembre 1921 au théâtre des Bouffes-Parisiens. Le chansonnier français, alors âgé de 33 ans, faisait partie de la distribution et s’envolait pour la gloire. Un siècle plus tard, c’est cette œuvre qui marque la reprise de l’Opéra de Lausanne, après de longs mois de fermeture dus à la pandémie. Le spectacle s’inscrit dans le cadre de La Route lyrique, un projet de tournée biennale créé en 2010 qui fait sortir le théâtre de ses murs, à la rencontre du public un peu partout en Suisse romande. L’opération est aussi l’occasion pour de jeunes chanteurs et instrumentistes diplômés de la région, accompagnés de techniciens du spectacle en fin de formation, de se frotter au public et de montrer toute l’étendue de leur talent. Une opération tout à l’honneur d’Eric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne, pour qui l’insertion professionnelle de la relève a toujours été une priorité.
Dédé, opérette emblématique des années folles, raconte l’histoire d’un amoureux transi, qui, pour conquérir sa belle, une femme mariée, reprend un magasin de chaussures. Mais il ignore que sa maîtresse est la femme de l’ancien propriétaire et qu’elle lui a fait acheter le commerce pour arranger les affaires financières de son époux. Relations triangulaires, quiproquos, situations cocasses, tout est prétexte pour faire de l'intrigue un vaudeville léger et divertissant sur des rythmes enivrants, fox-trot ou tango par exemple.
Dédé se déroule dans un magasin de chaussures dont les vendeuses sont aussi danseuses au Casino de Paris, c’est dire si la danse occupe une place importante dans l’œuvre. C’est la raison pour laquelle Eric Vigié a choisi de confier la mise en scène à un chorégraphe, Jean-Philippe Guilois, qui a été « petit rat » de l’Opéra de Paris avant de devenir champion de France de danses de salon. Avant le début des répétitions à proprement parler, il a proposé des cours de danse aux chanteurs, qui ont tous répondu avec enthousiasme et qui se révèlent sur scène de très bons élèves, insufflant à la production un rythme enlevé, sans aucun temps mort. Leur énergie et leur entrain font plaisir à voir. Il convient de citer avant tout les deux compères hauts en couleur que sont André (Dédé) et Robert, interprétés respectivement par Joël Terrin et Maxence Billiemaz, ainsi que les deux rôles féminins principaux, tenus respectivement par Laurène Paternò et Béatrice Nani, lesquelles jouent habilement de leurs différences. On ne manquera pas non plus de mentionner le truculent Leroydet de Richard Lahady. A la tête de l’Ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne, Jean-Philippe Clerc confère verve et légèreté au spectacle, malgré quelques décalages et imprécisions entre scène et fosse, des défauts qui devraient s’estomper au fur et à mesure des nombreuses représentations à venir, de même que la diction encore un peu floue des choristes. Une reprise des activités enthousiasmante après ces mois de disette et qui ne saurait mieux augurer de la prochaine saison de l’Opéra de Lausanne.
Claudio Poloni
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