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Un Brahms très personnel

Paris
Théâtre du Châtelet
01/11/2002 -   et 14 janvier 2002

Vendredi 11 janvier 2002
Johannes Brahms : Symphonies n° 1, opus 68, et 2, opus 73
Lundi 14 janvier 2002
Johannes Brahms : Symphonies n° 3, opus 90, et 4, opus 98

Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Marek Janowski avait fait des symphonies de Brahms l’un des piliers du travail accompli avec l’Orchestre philharmonique de Radio France durant plus de quinze années. Pas de changement de répertoire avec Myung-Whun Chung - qui, moins de deux ans après son accession au poste de directeur musical, propose déjà une intégrale de ces symphonies - mais de nouvelles orientations interprétatives.


La Deuxième donnée en février dernier à Pleyel (voir par ailleurs sur ce site) et servie par une qualité instrumentale de premier ordre, avait été caractérisée par une remarquable capacité à restituer les climats successifs de l’œuvre. Cette intégrale en deux concerts confirme, s’il en était besoin, la bonne santé de l’orchestre, toujours aussi fourni (dix contrebasses et autres pupitres de cordes à l’avenant, bois doublés), mais jamais pesant : un hautbois (Jean-Louis Capezzali) en état de grâce, un pupitre de cors toujours aussi solide, pour ne citer qu’eux.


Dirigeant de mémoire, négligeant les reprises dans les mouvements initiaux, soucieux de plénitude sonore autant que d’une certaine verdeur des attaques, Chung opte pour une conception rhapsodique, privilégiant le détail expressif et les couleurs orchestrales plutôt que la logique interne du discours. D’autres que lui auraient tôt fait de se perdre dans des tentations par trop décoratives ou extérieures, mais le chef coréen évite de tomber dans le piège de la facilité, y compris dans le fameux poco allegretto de la Troisième.


Mettant en lumière une succession d’atmosphères bien caractérisées, Chung accentue les contrastes de façon expressionniste, voire spectaculaire : fortes variations de tempo (dans un cadre général assez lent, les deuxièmes thèmes des mouvements extrêmes sont souvent présentés dans un mouvement encore plus retenu), sens théâtral (introductions des mouvements extrêmes de la Première), alternance de déferlements fébriles qui poussent l’orchestre dans ses derniers retranchements et de moments de grâce qui s’inscrivent davantage dans une approche chambriste (merveilleux exposé du thème par les clarinettes et les bassons dans le mouvement lent de la Quatrième).


Cette conception intuitive, comme mue par une nécessité intérieure que le chef serait seul à connaître, bénéficie, de façon générale, aux symphonies paires et aux mouvements lents, dans lesquels Chung fait triompher la poésie. En contrepartie, la construction du discours et l’architecture extrêmement travaillée de ces symphonies, notamment dans les mouvements initiaux, passent plus difficilement, en particulier dans les Première et Troisième.


La Deuxième est peut-être plus propice à cette impression que le chef donne de musarder, de vouloir prendre son temps quand il le juge nécessaire. Quant à la Quatrième, l’intérêt croît au fur et à mesure de son interprétation : si les deux premiers mouvements paraissent poursuivre dans la veine des trois précédentes symphonies, avec un andante moderato mieux venu que l’allegro non troppo initial, le scherzo démontre un bel équilibre entre robustesse et vivacité. Mais c’est dans la passacaille finale, d’une originalité insensée et osée, que le cycle trouve fort opportunément son couronnement : Chung fait un sort à chacune des trente-cinq variations, dans un kaléidoscope d’une folle subjectivité, faisant ressortir la dimension fantastique d’un mouvement pourtant rigoureusement charpenté.




Simon Corley

 

 

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