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Vive le classicisme viennois!

Paris
Cité de la musique
10/26/2020 -  
Joseph Haydn : Symphonie n° 84 en mi bémol majeur
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 18 en si bémol majeur, K. 456 [*]

Kristian Bezuidenhout (pianoforte et direction) [*]
Les Arts Florissants, William Christie (direction)


K. Bezuidenhout (© Marco Borggreve)


Concert on ne peut plus «classique» mais, à l’heure du coronavirus et de perspectives plutôt sombres (un couvre-feu prochainement avancé à 19 heures, une interdiction à venir de tout mouvement le week-end, voire un prochain reconfinement?), il est heureux de pouvoir encore profiter de représentations musicales: ce qui est pris est pris! Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé, ayant répondu nombreux en cette fin d’après-midi et témoignant, une fois encore en ces temps troublés, d’une écoute extrêmement attentive. Si le programme initial fut allégé (exit donc la Quatre-vingt-septième Symphonie de Haydn), William Christie n’en continua pas moins, avec ce concert d’un peu plus d’une heure, son cycle des Symphonies parisiennes dont on avait pu entendre la première étape en ces mêmes lieux en mai 2019.


Les musiciens portent tous le masque en entrant sur scène mais l’enlèvent tous (hormis un violoncelliste et un contrebassiste) pour interpréter cette Quatre-vingt-quatrième Symphonie avec une énergie revigorante. Le premier mouvement est excellent, marqué notamment dans l’Allegro par un très bon équilibre entre cordes et vents (une flûte, hautbois, bassons et cors par deux). Dans l’Andante, William Christie accentue le côté théâtral du mouvement, n’hésitant pas à fortement jouer sur le volume sonore, à varier les motifs lors des reprises, à stopper net les arrêts requis par la partition, déjouant ainsi un début qui avait pu nous sembler quelque peu «plan-plan». Même esprit dans le Menuet : Allegretto où la veine humoristique de Haydn ressort à plein, un peu comme on l’entend par exemple dans le dernier mouvement de sa Quarante-huitième Symphonie; dommage que quelques glissandi des premiers violons ne soient pas toujours très bien gérés mais l’ensemble n’en est pas moins agréable. Contrairement à d’autres symphonies (la Quatre-vingt-deuxième ou la Quatre-vingt-huitième par exemple), le dernier mouvement ne nous emporte pas vraiment, Haydn se «contentant» de jouer à plein sur l’atmosphère de danse qui innerve cette fin où le manque de netteté des premiers violons (principalement dans les attaques au début de ce Vivace) fut effacé par une verve somme toute assez jubilatoire.


Après un bref salut de William Christie qui partit en coulisses, place à Kristian Bezuidenhout qui dirigea du piano le Dix-huitième Concerto de Mozart. L’alliance Parisienne de Haydn et concerto de Mozart n’est pas une nouveauté pour le jeune pianiste sud-africain (voir ici) mais la direction est chose nouvelle et, ma foi, il s’en tira fort bien. Il faut dire que ce concerto, un peu moins connu notamment que les deux qui l’encadrent (les K. 453 et K. 459), ne connaît guère de difficulté dans son agencement où les appogiatures sont attendues, de même que les cadences, où les traits de l’orchestre s’avèrent particulièrement sages et où le dialogue entre soliste et musiciens ne recèle pas autant de surprises que dans d’autres concertos du divin Wolfgang. Si le premier mouvement illustre bien le dialogue avec les vents, c’est plutôt celui avec les cordes qui marque l’Andante un poco sostenuto, dialogue «troublé» par de puissants tutti de l’orchestre dans son entier en milieu de mouvement. Le faible volume sonore du pianoforte efface quelque peu le jeu du soliste que l’on ne perçoit pas toujours clairement, l’orchestre des Arts Florissants (sous la direction, de fait, du premier violon Hiro Kurosaki) ne surjouant pourtant pas sa partie et restant dans un volume sonore des plus respectables. L’ensemble est fait certes avec délicatesse mais, en fin de compte, nous aura paru assez fade alors que la partition aurait sans doute pu gagner en imagination et en audace.


Le site de Kristian Bezuidenhout
Le site des Arts Florissants



Sébastien Gauthier

 

 

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