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Tout d’une grande Geneva Victoria Hall 10/20/2020 - et 19 (Zürich), 21 (Bern) octobre 2020 Robert Schumann: Concerto pour violoncelle, opus 129
Franz Schubert: Symphonie n° 6, D. 589 Daniel Müller-Schott (violoncelle)
Orchestre de chambre de Lausanne, Simone Young (direction)
C’est la pandémie qui nous permet d’entendre à Genève pour la première fois au moins depuis une quinzaine d’années Simone Young et Daniel Müller-Schott. L’Orchestre de chambre de Lausanne a remplacé pour une tournée à Zurich, Genève et Berne, dans le cadre des concerts de la série Migros-Classics, le L’Orchestre du Festival de Budapest puis le Mozarteum, tous deux étant dans des pays qui sont maintenant sur la liste rouge établie par l’Office fédéral de la santé publique.
Aucune des œuvres présentées dans ce concert n’est facile à jouer. Il n’est pas évident de trouver les bons tempi pour le Concerto pour violoncelle de Schumann. Il faut faire avancer la musique sans tout donner «trop tôt». Daniel Müller-Schott l’a bien compris et trouve de suite le tempo juste qui convient à ce si complexe premier mouvement Nicht zu schell, pas trop vite. Sous son archet, la musique avance avec naturel. La richesse de sa sonorité et la largeur de la dynamique lui permettent d’être très expressif sans sentimentalité. Sa technique est d’une grande solidité et ce sans la moindre esbroufe. Le deuxième mouvement (Langsam) respire avec bonheur tandis que le finale renoue avec l’allant du début. L’orchestre et sa cheffe sont attentifs à leur soliste et s’équilibrent avec soin, montrant qu’ils ont déjà rodé ce concerto les soirs précédents. Très applaudi, Daniel Müller-Schott donne en bis lLe Chant des oiseaux adapté par Pablo Casals. L’attention avec lequel l’ensemble du pupitre de violoncelles l’écoute en dit long...
La Sixième Symphonie de Schubert est surnommée la «petite». Cette appellation sert peut-être à la différencier de la grandiose Neuvième , qui est dans la même tonalité, mais ne devrait en aucun cas laisser entendre qu’il s’agit d’une pièce mineure ou de faible envergure. C’est en revanche une œuvre d’une grande difficulté, un peu décousue et qui demande une exigence rythmique élevée. Il semble que cette symphonie aurait été jouée du vivant de Schubert par un ensemble amateur dont on peut se dire que soit ils avaient un très bon niveau, soit ils ont dû être très à la peine.
La lecture que donnent Simone Young et l’Orchestre de chambre de Lausanne n’est pas du même niveau que pour la première partie. Le premier mouvement peine à trouver une pulsation régulière. Les flottements de tempo sont trop visibles mais à nouveau, cette symphonie n’est pas du tout facile. Simone Young cherche à donner aux mouvements extrêmes une dimension «beethovénienne». Certaines attaques sont un peu brusques et cette recherche de dramatisme donne à l’œuvre un caractère trop martial. Par opposition, l’Andante, moins heurté, se déroule avec plus de naturel et les équilibres sont bien plus aérés. Et c’est sans baguette que Simone Young donne en bis la musique de ballet de Rosamonde, avec la douceur et le style que l’on attend de la musique de Schubert.
Antoine Lévy-Leboyer
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