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Le National sous contrôle

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/12/2002 -  et 13 janvier 2002

Serge Prokofiev : Symphonie n° 1, « Classique »,
op. 25

Fazil Say : Concerto pour piano n° 3 (création)
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 10, op. 93



Fazil Say (piano)
Orchestre national de France, Eliahu Inbal (direction)


Incontournable au fil des saisons musicales parisiennes, la Première symphonie de Prokofiev trouve en Eliahu Inbal un interprète solide, soucieux de clarté, parfois au moyen de tempi lents (allegro initial), voire appuyés (une gavotte très articulée).


Comme Beethoven ou Prokofiev, Fazil Say a atteint l’âge de trente-deux ans avec trois concertos pour piano à son actif. Commande de Radio France écrite à l’attention de Kurt Masur, qui, souffrant, tarde à rejoindre la formation dont il est le nouveau directeur musical, le Troisième concerto du pianiste turc était donné en création mondiale. Il comprend quatre mouvements assez brefs, à visée sinon descriptive, du moins programmatique. Silence of Anatolia obéit à la forme ABA : sur une note inlassablement répétée, de sinueuses figurations orientales, qu’on dirait sorties du Cinquième concerto de Saint-Saëns, encadrent un thème plus rythmé, également d’allure folklorisante. Obstinacy se déroule également en trois temps, suivis d’une coda : martelé et énergique, il laisse la place, dans sa partie centrale, à un passage plus énigmatique dans lequel la main droite du pianiste intervient sur l’instrument afin d’obtenir une sonorité de cordes pincées pour jouer à nouveau une mélodie de type oriental, soutenue par les pizzicati de l’orchestre. Changement de décor complet avec Ballad, où un calme thème (façon Gershwin) ponctué de brefs commentaires du soliste (façon Messiaen) finit par s’animer dans un développement plus passionné (façon Rachmaninov). Elegy semble récapituler les épisodes précédents : si l’atmosphère générale et les réminiscences thématiques sont celles du premier mouvement, elle est perturbée, ici ou là, par des interventions des percussions qui rappellent la violence du deuxième mouvement, avant une conclusion suspendue, comme interrogative.


En quoi est-il nécessaire d’écrire aujourd’hui comme Saint-Saëns, Prokofiev, Gershwin, Messiaen et Rachmaninov ? C’est une autre histoire... Toujours est-il que la musique de Fazil Say est indéniablement sincère, volontairement composite, d’effet immédiat, refusant tout travail thématique et contrapuntique, mais porteuse d’un message direct qui touche manifestement le public. Le deuxième mouvement est bissé et le pianiste-compositeur revient saluer alors que les lumières se sont déjà rallumées pour l’entracte.


On est cependant en droit de penser que le message de la Dixième symphonie de Chostakovitch est autrement plus complexe et que quelques notes, dont celles qui forment en allemand les initiales du compositeur, parviennent à créer un univers sonore et émotif autrement plus développé. L’approche d’Inbal, très contrôlée, presque didactique, privilégie la lisibilité, avec une distance plus objective qu’ironique. La tonalité d’ensemble est mate, un rien froide : si elle ne mise pas sur la flamboyance ou la passion, cette conception se défend d’autant plus que l’orchestre, d’une précision remarquable, sonne admirablement.




Simon Corley

 

 

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