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Un concert à deux facettes Paris Philharmonie 09/23/2020 - et 24 septembre 2020 Maurice Ravel: Le Tombeau de Couperin – Concerto en sol
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette: Suite n° 1, opus 64 bis: n° 5. «Masques», 6. «Roméo et Juliette: scène du balcon», 6. «Danse du matin» et 7. «La Mort de Tybalt» – Suite n° 2, opus 64 ter, 1. «Montaigus et Capulets», 4. «Menuet» et 7. «Roméo au tombeau de Juliette» – Suite n° 3, opus 101: 1. «Roméo près de la fontaine», 2. «Danse du matin», 5. «Aubade» et 6. «Mort de Juliette» Lukas Geniusas (piano)
Orchestre de Paris, Esa-Pekka Salonen (direction)
E.-P. Salonen (© Minna Hatinen/Opéra et ballet nationaux finlandais)
Les abords de la Philharmonie de nuit ne sont jamais très conviviaux mais quand s’y ajoutent au bas des escalators à l’entrée et sur la terrasse à la sortie les mitraillettes pointées vers le public des soldats du plan Vigipirate rendus encore plus menaçants par les masques de rigueur, nous sommes confortés dans notre opinion personnelle peu favorable à ce lieu.
La rentrée de l’Orchestre de Paris s’était faite la semaine précédente avec un concert peu prestigieux, de telle sorte que celui-ci tenait pour nous lieu de concert de rentrée. L’affiche alléchante – Tugan Sokhiev et Lukas Geniusas, pianiste lauréat des concours Chopin et Tchaïkovski – a été quelque peu rehaussée, le chef ossète étant retenu en Russie pour des raisons sanitaires, par son remplacement par Esa-Pekka Salonen. Le programme, légèrement modifié, échangeait Rachmaninov avec Ravel et conservait Prokofiev. Sokhiev retrouvera prochainement cet orchestre avec le pianiste Jean-Frédéric Neuburger les dimanche 18 octobre à 16 heures 30 et le lundi 19 octobre à 20 heures 30 avec au programme le Concerto pour piano de Schumann et une Suite du Lac des cygnes de Tchaïkovski élaborée par Sokhiev.
Deux parties très contrastées pour la direction, avec un Ravel assez sec – certains diront objectif ou dirigé à la Boulez – pour Le Tombeau de Couperin et le Concerto en sol et beaucoup plus généreuse, avec une débauche de couleurs et de rythmes serrés pour les extraits retenus par le chef finlandais parmi les trois Suites tirées par Prokofiev de son ballet Roméo et Juliette. L’orchestre, de retour d’un long sommeil, sonnait parfaitement tant dans ses individualités (les vents et bois étant à l’honneur chez Ravel) qu’en son ensemble.
De Lukas Geniusas, on attendait la virtuosité impeccable dans les mouvements extrêmes du Concerto en sol et l’exemplaire contrôle de la ligne mélodique dans son Adagio assai. On a eu de surcroît une sonorité brillante et un jeu très perlé qui conférait à chaque trait sa parfaite netteté.
Il nous a semblé qu’avec une jauge d’environ mille spectateurs, la grande salle de la Philharmonie paraissait à son remplissage habituel pour ce type de concert d’abonnement et que l’acoustique n’en était en rien affectée.
Olivier Brunel
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