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Mutter & Kinder

Vienna
Konzerthaus
09/17/2020 -  
Ludwig van Beethoven: Trio à cordes, opus 9 n° 3 – Quatuor n° 10, opus 74
Franz Schubert: Quatuor n° 12 «Quartettsatz», D. 703

Anne-Sophie Mutter, Ye-Eun Choi (violon), Vladimir Babeshko (alto), Daniel Mueller-Schott (violoncelle)


A.-S. Mutter (© Bartek Barczyk)


L’intitulé de la soirée, «Anne-Sophie Mutter & Friends», était peut-être trompeur: non qu’il s’agisse de douter des liens d’amitié des interprètes, évidents sur scène, mais la différence de statut– entre une soliste qui a déjà tout prouvé, et des artistes encore naissants, qui doivent beaucoup à leur bienfaitrice – est trop écrasante pour ne pas déteindre dans l’interprétation. A la réflexion, «Mutter et disciples» reflèterait certainement plus exactement ce que l’oreille entend.


La personnalité de la violoniste allemande est à la mesure de celle de son propre mentor Herbert von Karajan, imprégnant chaque mesure: somptueuse, élégante, dans les meilleurs moments – phrasés surlignés, maniérisme dans d’autres. Rien d’inattendu au fond pour les habitués de la violoniste; on reste plus gêné en revanche par le manque d’équilibre dans les ensembles, notable dans le trio, et parfois critique dans les quatuors. Il faut vraiment tendre l’oreille (et s’armer de patience) pour apprécier le violon raffiné de Ye-Eun Choi, qui doit attendre la coda du premier mouvement du quatuor pour véritablement se projeter dans la salle; le violoncelliste Daniel Mueller-Schott s’en tire le mieux, contrechantant avec intensité, mais dans une liberté contrainte par des tempi inexorables. Vladimir Babeshko réussit à jouer avec tact un rôle de trait d’union entre les pupitres, avec malléabilité et dynamisme. Plus qu’un souci de volume, la balance globale pâtit surtout d’un timbre de premier violon qui prend toute la lumière, laissant les autres instruments dans l’ombre.


Certains mouvements restent cependant très satisfaisants: Scherzo et Finale de l’Opus 9 n° 3 sont joués avec une virtuosité badine, propre à éveiller la bonne humeur. De même, le Presto du Dixième Quatuor adopte une frénésie appropriée.


On peut espérer que les artistes prendront leurs marques au cours de leur tournée – et oser une suggestion qui aurait un intérêt à la fois pédagogique et musical: Anne-Sophie Mutter au second violon, mettant ainsi en valeur ses protégés, et la forçant à influencer l’interprétation de l’intérieur, ne serait-ce pas passionnant?



Dimitri Finker

 

 

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