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Krump versus jump

Biarritz
Colisée et Théâtre du Casino
09/13/2020 -  

Colisée
Nach : Cellule

Théâtre du Casino
Collectif (La)Horde : To Da Bone



Cellule (© Mark Maborough)


La succession lors du deuxième jour du festival Le Temps d’aimer la danse à Biarritz de deux spectacles de danses de rues, souligne l’engouement du public pour ces nouvelles expressions chorégraphiques.


Issue des quartiers afroaméricains de Los Angeles, le krump (pour Kingdom Radically Uplifted Maighty Praise) est une danse urbaine très énergique, popularisée par le film de David LaChapelle (Rize, 2005), qui a vite gagné les centre des villes européennes. C’est, comme pour bien d’autres danseurs et chorégraphes se produisant aujourd’hui dans les théâtres et festivals de danse, sur le parvis de l’Opéra de Lyon que la danseuse Nach, native de Bobigny, a croisé la route des danseurs de Krump avant de se perfectionner à la source dans le ghetto de L.A. où elle a rencontré le chorégraphe Heddy Maalem, qui a permis d’opérer chez elle le passage de la rue à la scène. Les voyages ont nourri d’influence et références nouvelles la danseuse, qui a vite fondé sa compagnie, la Nach Van Van Dance Company, et qui est déjà à la tête de deux spectacles qui tournent dans les festivals avec un grand succès. Dans Cellule, son premier solo créé en 2017, elle raconte son histoire en 45 étourdissantes minutes, solo très bien agencé grâce à la vidéo et aux éclairages d’Emmanuel Tussore, un autoportrait musclé, une danse violente qu’elle décrit comme «guerrière» sur une musique tout aussi agressive.


Le jump style est, lui, né en Belgique dans les boîtes de nuit techno hardcore. La diffusion de cette danse nerveuse, parfois martiale, basée sur la pulsation et le sautillement, s’est organisée dès le début du siècle sur les réseaux sociaux, principalement Facebook et YouTube, jusqu’à constituer un véritable répertoire avec ses codes et ses figures imposées. Très masculine, la communauté des jumpers, principalement active dans les pays du Nord et de l’Est de l’Europe mais aussi en Amérique du Sud et chez nous dans le Nord de la France, est passée de la chambre ou des parkings à la rue, puis de la rue à la scène par des canaux variés mais pour le collectif (La)Horde grâce au concours Danse Elargie du Théâtre de la Ville à Paris en 2016. Leur spectacle To Da Bone alterne en une heure les démonstrations exaltées de jump (dans les variétés issues du mouvement hardstyle dites tekstyle, shuffle, hakken et jumpstyle) et, dans les phases d’épuisement (les jumpers s’essoufflent très vite mais cet état génère confiance et apaisement), des conversations multilingues où, avec leur forme d’humour, les neuf membres français, polonais et belge (la seule femme du groupe) se présentent et racontent leurs parcours.


Nach est une belle danseuse à la musculature et à l’énergie impressionnante. On peut être touché ou pas par cette démonstration spectaculaire et singulière. De même, on peut trouver sympathique ou non ce collectif dont les démonstrations «post-internet» frappent la curiosité quand on les découvre dans leur habitat naturel, la rue, internet, mais qui, pour justifier leur place dans un théâtre, doivent faire appel à des moyens musicaux (techno), techniques (vidéos, éclairages, fumigènes), tous magnifiquement mis en œuvre.


Toutes les danses dans l’histoire ont subi de telles évolutions. Valse et polka sont passées des fêtes de village aux salons et même dans les opéras et ballets. Certaines comme le tango ont évolué des faubourgs des villes au music-hall. Vers quelle forme d’embourgeoisement après sa théâtralisation se dirigera la street dance? L’avenir nous le dira? Pour l’heure, le stage de jump organisé par Le Temps d’Aimer a (signe des temps?) réuni à Biarritz presque exclusivement des jeunes filles et le sympathique trio de tête d’artistes multimédias du collectif (La)Horde est à la tête du CNN - Ballet national de Marseille.



Olivier Brunel

 

 

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