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Légende vivante Salon-de-Provence
Château de l’Empéri
08/05/2020 -
Olivier Messiaen : Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus
Roger Muraro (piano)
R. Muraro (© Jael Travere)
Adoubé dès son plus jeune âge par le compositeur, jouant ces 2 heures de musique par cœur (presque sans interruption, le temps de changer de chemise), capable de les reprendre au débotté comme en 2008 à La Meije, Roger Muraro, dans les Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus (1944) de Messiaen, est devenu une légende vivante. Et pour ce qui était son premier concert depuis le 15 février, si l’on en croit son site internet, rien de tel que de se replonger dans cet univers qu’il investit pleinement et dans lequel il entraîne un public relativement clairsemé mais totalement fasciné.
Le pianiste français est tellement familier du recueil que son interprétation tient de l’évidence. Il le nimbe d’une subtilité de toucher et d’une variété de couleur qui sont celles qu’on prête ordinairement à Chopin, à Liszt ou à Debussy. Avec lui, les Regards deviennent ainsi un grand classique de la littérature pianistique, mais sans le moindre soupçon de routine ou d’académisme, aussi bien quand il conduit «L’Echange» vers une progression hallucinée que quand il esquive toute mièvrerie dans «Le Baiser de l’Enfant-Jésus» et «Je dors, mais mon cœur veille». Et comment ne pas admirer, d’un côté, la finesse et la précision des chants d’oiseaux («Regard du Fils sur le Fils», «Regard des Hauteurs»), de l’autre, les cataclysmes qu’il parvient à déclencher sans agressivité ni brutalité inutiles («Par Lui tout a été fait», «Regard de l’Eglise d’amour»)?
Un récital attendu, un succès prévisible mais avant tout un moment privilégié dans la nuit estivale du château de l’Empéri.
Le site de Roger Muraro
Simon Corley
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